Hier, les étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO) ont organisé un rassemblement au campus de Hasnaoua où devait se rendre le Président Bouteflika. La forte mobilisation de plus de deux mille étudiants, des militants du FFS, du RCD, du MAK et du MDS a contraint la délégation présidentielle d'annuler la visite du chantier de 4000 places pédagogiques dont les travaux ne sont toujours pas achevés. « L'université de Tizi Ouzou n'a pas besoin de la présence de celui qui veut mettre sur un pied d'égalité le bourreau et sa victime avec une charte qui réhabilitera les ennemis de l'Algérie », dénonce-t-on. Le recteur de l'UMMTO a été, lui aussi, empêché de rester sur place et a été invité par les organisateurs du rassemblement à quitter les lieux. Durant la nuit de dimanche déjà, les résidentes de la cité universitaire Bastos sont sorties pour réclamer de libérer les chambres où étaient hébergés des citoyens de Bouira, de M'chedallah, de Lakhdaria et de Boumerdès et qui devaient assister au meeting de Bouteflika au stade du 1er Novembre. Devant la bibliothèque centrale, les intervenants ont encore dénoncé « le musellement des libertés individuelles et la campagne à sens unique en faveur de la charte qui vise à réhabiliter les assassins, à la trahison de la mémoire des centaines de milliers de victimes innocentes ». Ils ont appelé leurs camarades à rester mobilisés et à ne pas répondre à la moindre provocation. Aucun incident, en effet, n'a eu lieu. Les étudiants de l'UMMTO ont fait preuve, hier, d'un véritable pacifisme. Une marche a été organisée à l'intérieur de Hasnaoua en présence d'un important dispositif sécuritaire. Des affiches rejetant la charte ont été distribuées par les militants du FFS et du MDS. Les militants du RCD n'ont, eux aussi, ménagé aucun effort pour rejeter « la charte de la honte que Bouteflika et sa clientèle en Kabylie pensent imposer à une population qui les vomit ». Les membres des archs dialoguistes n'ont pas été épargnés par les critiques des intervenants qui les accusent de « marchander le sang de plus de 125 victimes du printemps noir et qui ne sont représentatifs que de leur petite personne ».