Un détachement naval algérien, composé de trois navires, quittera le port d'Alger, ce matin, en direction de la ville française de Toulon. Cette mission, dirigée par un colonel du Commandement des forces navales (CFN), devra participer à une revue, le 15 août 2004, dans la rade du plus grand port militaire de France. Ce « défilé » auquel prendront part des marines nationales de six pays (France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Algérie, Maroc et Tunisie), entre dans le cadre de la commémoration du 60e anniversaire du débarquement des Alliés en Provence. Vingt-deux chefs d'Etat et de gouvernement, dont le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, seront les hôtes du président Jacques Chirac. « RECONNAISSANCE » La France, en invitant presque tous les pays africains qui étaient sous sa domination lors du débarquement, le 15 août 1944, et qui organise cette revue annuellement, entend exprimer, selon une déclaration faite par Hamlaoui Mekachera, son ministre délégué aux Anciens combattants et reprise par Associated Presse (AP), « sa reconnaissance pour le sacrifice consenti par les milliers de combattants qui, venus de ces pays autrefois sous souveraineté française, ont effectué ensemble le combat de la libération de la France sur les plages de Provence ». Lui-même d'origine algérienne, ayant servi dans l'armée française en Algérie au grade de lieutenant, M. Mekachera dira, à propos des voix « pro-harkis » qui se sont élevées contre la présence du chef d'Etat algérien à cette manifestation et qui émanent d'un groupe de députés du parti de la majorité, l'UMP, a tenu à relever qu'« il est utile de préciser qu'aucune confusion n'est à faire entre cette page d'histoire écrite en commun en août 1944 et d'autres événements ultérieurs, aussi douloureux soient-ils ». Le chef de file des députés hostiles à la présence de Bouteflika, le député de Paris, Claude Goasguen, a soutenu, dans les colonnes du Figaro qu'« il est normal de défendre les Français d'origine algérienne qui se sont sentis bafoués lors de la dernière visite de M. Bouteflika en France ». Une levée de boucliers sans précédent s'était fait jour après que le chef d'Etat algérien eut déclaré, sur les plateaux de France 2, en réponse à une question « sur le sort des harkis » que ceux qui ont trahi la Révolution algérienne ne pouvaient pas être mieux lotis que les Français qui ont collaboré avec les nazis. « C'est comme si on demandait à un Français de la Résistance de toucher la main à un collabo », avait-il rétorqué. Ordre Les vaisseaux devant prendre part à cette revue ont reçu, hier, au port d'Alger, la visite du commandant en chef des forces navales, le général Mohand Tahar Yala. Sous la houlette de Qalaât Beni Hammad, qui servira de vaisseau-amiral, le détachement est composé de deux autres navires, le Raïs Corso et le Mourad Raïs. 360 matelots, sous-officiers, officiers et officiers supérieurs, dont quatre femmes-officiers, feront partie de cette mission. Mission sans précédent dans les annales militaires algériennes, hormis les manœuvres conjointes opérées il y a quelques années avec les forces de l'Otan et avec celles de la marine américaine aux large des côtes algériennes. « La marine nationale étant un outil de l'Etat algérien, notre présence à Toulon obéit à un ordre émis par les hautes autorités du pays », s'est contenté de déclarer le général Yala à l'issue de sa visite d'inspection.