Je suis pour la réconciliation nationale si celle-ci se devait d'unifier la nation pour une solution politique globale », annonce d'emblée Abdelhamid Mehri, dans une longue contribution adressée à la presse. L'ex-secrétaire général du FLN, éjecté de son poste par un « coup d'Etat scientifique », joint ainsi sa voix à celle des rares personnalités politiques qui se sont prononcées sur la question. Il estime que le projet présidentiel manque cruellement de clarté. « Il faut continuer à chercher la voie qui mène à la réconciliation nationale », martèle celui qui fut, en 1993, l'un des principaux initiateurs du contrat de Rome, laissant entendre que les questions d'ordre politique, source de blocage selon lui, depuis 1992, sont toujours en suspens. « J'ai cru qu'il était inutile de rappeler mes positions sur la réconciliation nationale tant elles restent constantes. Seulement, je ne peux ignorer les doléances insistantes, émises, ces derniers jours, par des frères militants, des professionnels de l'information et des amis », explique Abdelhamid Mehri, avant d'énumérer les points qui auraient dû, selon lui, constituer un préalable au projet présidentiel. « Concourir pour mettre fin à la violence et aux injustices qu'a subies la nation ; procéder à des remises de peines prononcées par la justice et, au besoin, recourir à des grâces ; aller vers une solution aux problèmes et aux incidences politiques qui ont causé la crise, tant au niveau national qu'au niveau des relations extérieures », plaide l'ex-secrétaire général du FLN. S'adressant au président de la République, l'auteur de ce « livre blanc » n'omettra pas pour autant de déclarer sa disponibilité à soutenir tout effort allant dans ce sens. « Chercher la cause, aussi profonde soit-elle, qui a causé la crise, et ce, dans un esprit de responsabilité, de franchise et de pardon avec toutes les parties. J'encourage toute initiative, d'où qu'elle vienne, surtout si elle émane du plus haut sommet de l'Etat. » Pour Abdelhamid Mehri, le débat qui entoure actuellement le projet présidentiel est biaisé nonobstant les voix qui appellent à une discussion nationale contradictoire. Et de préciser que le texte qui sera soumis au peuple algérien, le 29 septembre, reste figé dans son esprit et dans sa lettre puisque ne permettant pas de le discuter ou d'être ouvert à d'éventuels amendements. « Et c'est pour cette raison qu'il est inutile de le débattre », tranche-t-il. S'il admet que le projet de la charte s'articule autour de deux questions, dont la première suggère, certes, la recherche d'une solution à certains dépassements, Abdelhamid Mehri n'y adhère pas pour autant. Il estime que l'aspect politique, d'importance cruciale, « un non-dit » dans le texte, a été éludé. « Il fallait admettre, dit-il, que la crise est le fruit de la politique d'éradication, imposée depuis l'annulation du processus électoral de 1992. » Il s'interroge sur les raisons qui ont poussé l'initiateur du projet à développer la thèse selon laquelle « les équilibres internes ne sont pas propices à la concrétisation de la paix dans toute sa rigueur et qu'il faudra patienter encore pour asseoir définitivement la quiétude ». Et d'attribuer à « ces équilibres internes le véritable pouvoir de décision qui durera encore des années ». « N'est-il pas opportun que le peuple algérien sache qui sont-ils ? D'autant plus que ce sont eux qui imposent une politique allant à l'encontre des intérêts du pays, comme celle qui a consisté à dénationaliser les hydrocarbures ? » Plus loin, Abdelhamid Mehri ne mettra pas de gants pour fustiger Ahmed Ouyahia. « Après dix ans, voilà qu'il (Ahmed Ouyahia) s'inscrit dans une logique de paix, mais telle qu'il la conçoit lui, alors que, toute honte bue, il a traité les concepteurs du contrat de Rome de traîtres à la nation ! », accuse Mehri.