L'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, a envoyé une lettre aux congressistes du FLN (passée sous silence), dans laquelle il demande une plus grande démocratisation des structures du vieux parti. Les travaux du 9e congrès du FLN se sont poursuivis, hier, avec l'installation de plusieurs commissions, dont la commission du statut du parti, la commission de politique générale, des relations générales et extérieures, la commission de la Déclaration du 1er Novembre et la commission du programme. L'ambiance au 2e jour du congrès était aussi festive qu'à l'ouverture. Tout semble être ficelé dans ce congrès qui a vu M. Belkhadem réélu au poste de secrétaire général du parti sans la moindre opposition. Toujours attaché à la base militante du parti, Abdelhamid Mehri explique son absence, dans une lettre adressée à l'actuel secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, par un engagement pris bien avant avec l'université de Constantine. Quinze ans après sa destitution en 1995, l'ancien secrétaire général du FLN ne désespère pas et appelle les dirigeants actuels à un « débat franc » pour remettre le parti sur orbite. Tout en s'excusant de n'avoir pas pu prendre part à l'ouverture du 9e congrès du FLN, vendredi 19 mars, M. Mehri émet le souhait de participer à des débats ouverts au sein des instances de l'ex-parti unique. Pour Abdelhamid Mehri, l'épisode de son éviction du parti n'est toujours pas terminé. Il aimerait avoir l'occasion de revenir sur ce qui s'est passé durant cette période. « Je souhaite encore qu'on donne la chance aux militants du parti de s'exprimer en toute franchise et profondeur sur les précédentes expériences du FLN mais aussi du pays depuis l'indépendance. Et débattre également des expériences relatives au système du pouvoir et de la gestion des affaires publiques. J'estime être toujours redevable devant les militants du parti de la présentation de mon bilan de secrétaire général après avoir été élu par le comité central alors que le pays connaissait une situation dangereuse », écrit-il dans sa lettre à Belkhadem. Des taches indélébiles L'ancien secrétaire général revient brièvement sur cette période qui lui a laissé des taches indélébiles. « J'avais été écarté du poste de responsabilité de secrétaire général dans des conditions et circonstances que vous connaissez parfaitement et que connaissaient beaucoup de militants. Et je me suis engagé devant le comité central à expliquer les raisons profondes de tout ce qui s'est passé lors du congrès qui devait se tenir par la suite. Mais des congrès ont été tenus sans me permettre d'exprimer mon avis contraire sur les questions politiques de fond relatives à l'avenir du pays », regrette-t-il. M. Mehri avait été évincé en 1995 pour avoir signé la plate-forme de Sant' Egidio à côté du FIS dissous plaidant pour la réconciliation nationale. Il avait été remplacé par Boualem Benhamouda. Pour M. Mehri, la clé de l'avenir se trouve enfouie dans le passé. Et revenir à ce passé après une longue période est, selon lui, primordial et permettra d'analyser « avec plus d'objectivité » les questions fondamentales qui restent sans réponse. Cela permettra, à ses yeux, d'éclairer, de « trouver des solutions à ces questions à l'ombre des pratiques et des mœurs dégagées par les politiques suivies jusque-là ». M. Mehri défend depuis des décennies une vision globale de la crise du pays. « Le problème central qui se pose aujourd'hui n'est pas, simplement, le choix d'un homme, capable de résoudre les problèmes du pays, mais l'édification d'un système de gouvernement qui donne à tous les Algériens la possibilité d'apporter leur contribution à la solution de ces problèmes », avait-il souligné dans une contribution publiée dans la presse en 2008. Belkhadem va-t-il traduire le vœu de M. Mehri en organisant un débat franc lors de ce 9e congrès qui prendra fin aujourd'hui avec l'élection des membres du comité central ? Difficile à parier.