La vérité et la justice autour de la tragédie nationale «sont la seule voie vers la tolérance, l'entraide et l'édification de l'avenir». Un des rares historiques de la révolution algérienne encore en vie, signataire du contrat de Rome et ancien secrétaire général du parti du FLN, M.Abdelhamid Mehri, réagit à la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Dans une longue déclaration adressée, hier, à notre rédaction, Mehri, tout en rappelant ses positions de principe par rapport à la réconciliation nationale, à savoir la mise en place d'une solution politique globale basée sur un accord susceptible de mettre un terme à la violence, estime que le texte qui sera soumis le 29 septembre au peuple algérien n'a pas été le fruit d'un débat de société, impliquant toutes les parties impliquées dans la crise. Ainsi, même si Mehri dit soutenir toute initiative à même de rétablir la paix et la stabilité, il reste qu'a ses yeux, la charte pour la paix et la réconciliation nationale «se limite à un texte excluant tout débat et amendement» Et d'ajouter: «C'est un décret présidentiel, auquel est annexé un projet de charte, qui doit être adopté ou rejeté selon sa mouture initiale.» Il est donc clair que tout débat autour du projet ne pourrait en aucun cas changer le cours des choses. C'est sur la base de ce texte que l'ancien secrétaire général du FLN a tenu à apporter un certain nombre de réserves. D'autant que l'analyse, affirme son auteur, ne se base pas sur les discours ou les promesses, mais sur la portée politique du texte, «qui ne paraîtra, qu'au moment de sa mise en oeuvre». Pour Abdelhamid Mehri, le document soumis à référendum est axé sur deux chapitres : tout d'abord le côté technique, qui d'après M.Mehri «ne pose pas la problématique principale, bien qu'il soit un aspect nécessaire pour une réconciliation politique véritable». Quant à la dimension «tue» du projet, Abdelhamid Mehri considère qu'«elle consiste à cautionner la politique suivie depuis l'arrêt du processus démocratique.». Un esprit qui, selon Mehri, transparaît clairement à travers certains passages du projet de charte, notamment «les analyses de cette politique, ses déductions et ses interdits». Au centre de cette stratégie, l'ex-patron du FLN cite «la consécration de l'exclusion dans le traitement de la problématique, on ne peut plus complexe, de l'islam politique.» L'objectif à travers le projet de charte, note Mehri, est «le rejet de tout débat autour des causes de la crise ainsi que du règlement de leurs conséquences politiques». D'autant que «le projet de charte a limité la crise à ses seuls aspects humains et sociaux». Seulement l'initiative présidentielle diffère des précédentes par le fait que «c'est la première fois depuis 1992 que l'appréciation de la crise par le pouvoir est soumise au peuple» En somme, «la politique suivie dans le règlement de la crise est le fruit d'un effort de réflexion de certains responsables et dont toute autre initiative de sortie de crise est aussitôt qualifiée d'atteinte aux intérêts supérieurs du pays» affirme Abdelhamid Mehri. Et ce dernier a ajouté que la vérité et la justice autour de la tragédie nationale «sont la seule voie vers la tolérance, l'entraide et l'édification de l'avenir». Enfin, indique M.Mehri, les pouvoirs successifs depuis le début de la crise ont toujours ajourné la solution politique. Ce qui laisse supposer, conclut-il, que la charte soumise à référendum sera à l'avenir l'unique référence dans la résorption de la crise et le seul cadre pour la liberté d'expression.