La mise en application de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, l'Uruguay round du Gatt, la prochaine adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce ont été au centre des interventions et des débats du séminaire de vulgarisation organisé ce mercredi à l'initiative de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) Annaba. La rencontre a regroupé des opérateurs économiques de plusieurs régions du pays. Sont intervenus autour de cadres des Douanes, MM. Chiahi, Michel Delattre, directeur et expert à Euro Développement, ainsi que Abbaci Kaci, ressentant de l'Algérie aux négociations avec l'UE et lors des différents rounds sur l'adhésion de notre pays à l'OMC. Les grandes lignes des dispositions de l'accord d'association, les règles d'origine, celles du contingent et du démantèlement tarifaires et la mise à niveau de l'industrie algérienne ont été débattues. Cette manifestation a vu une affluence record d'hommes d'affaires, opérateurs et techniciens du commerce national et international. Durant les interventions et les débats, la propriété intellectuelle, un autre aspect important de l'accord, n'a pas été abordée. Clairement mentionnée dans les dispositions de l'accord, cette propriété est couverte dans tous les domaines de la création et des droits d'auteurs. Ce qui justifierait la réaction de plusieurs pays signataires contraints et forcés à modifier leur législation nationale respective. Si les représentants des Douanes se sont limités à reprendre in extenso certains passage de l'accord d'association, il n'en est pas de même du côté des techniciens du commerce. Ceux-ci ont affirmé que l'application de l'accord devrait donner un coup de fouet à notre économie. D'autres intervenants ont argumenté des approches commerciales et financières basées sur des prémices théoriques proches de la réalité du terrain. Il y a ceux qui ont estimé que l'accord d'association est un ensemble d'exercices techniques nécessitant, dans plusieurs chapitres, une approche plus détaillée. Ils ont été unanimes à affirmer qu'il s'inscrit dans un processus de libéralisation des échanges engagés par l'Algérie. Selon ces mêmes interlocuteurs, ce processus permettrait la réalisation d'un ajustement structurel et, par l'intensification des échanges et de la concurrence, assurer un développement soutenu de l'économie nationale. marché et produits européens Les problèmes de la concurrence, du marché algérien inondé par les produits européens et des risques qui pèsent sur la production nationale, ont été posés. Des opérateurs publics et privés ont avancé la difficulté de la mise à niveau ou de la rectification Iso des entreprises algériennes. « Seules 481 entreprises sur plusieurs dizaines de milliers en activité en Algérie ont bénéficié de cette mise à niveau. Alors que le marché national est déjà inondé de produits européens conséquence du principe du premier venu premier servi, le taux de nos exportateurs est très bas. Cela donne une idée précise de la difficulté que nous allons avoir à contrecarrer la concurrence étrangère », considère B. Abdenour versé dans l'industrie agroalimentaire. Les participants à ce séminaires avaient prêté une oreille quelque peu distraite aux explications de l'approche technique sur le contingent et le démantèlement tarifaire fournies par deux cadres des Douanes. Leur attention était beaucoup plus orientée sur les petits et grands détails des dispositions de l'accord d'association et aux explications fournies en ce sens par M. Abbaci Kaci, un des négociateurs algériens de l'accord et dans les différents rounds pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Les multiples tentatives de l'Algérie de réinsérer son économie dans le système financier international à travers la renégociation et la normalisation de sa dette extérieure, la cession au secteur privé des entreprises publiques, l'attitude des banques algériennes vis-à-vis des investisseurs ont été, selon plusieurs participants, les initiatives engagées par l'Etat pour l'instauration d'un climat de confiance entre tous les animateurs de l'économie nationale. « La reconstruction du système de crédit et la diminution des taux d'intérêt pourraient nous permettre de mieux appréhender certaines dispositions de l'accord d'association et, à moyen terme, de mieux nous outiller pour faire face à la concurrence extérieure. Dans cet accord d'association, il y a une vérité générale. Elle impose aux Algériens de raisonner dorénavant à l'échelle européenne, méditerranéenne et maghrébine. Peu d'entre nous s'élèvent véritablement à cette vision », indique Mohamed Salah K., enseignant en économie à l'université Badji Mokhtar de Annaba. Il a ajouté : « La libéralisation de la quasi-totalité de l'économie des pays voisins a transformé les données géopolitiques de la région. C'est en intégrant ces éléments que l'on peut avoir une vision aussi bien en matière de gestion des affaires publiques que dans celle des grandes et petites entreprises. Avec l'accord d'association et bientôt l'OMC, il est indispensable que les Algériens aient, au plan politique et économique, une vision mondialiste de leur futur. » le rôle des médias Durant ce rendez-vous économique rien n'a été dit sur les lacunes que pourraient comporter cet accord. L'on s'est contenté de faire une lecture des aspects techniques d'application. C'est dire qu'en l'absence d'une analyse de fond ou d'une approche sérieuse de ses dispositions, les participants ont conclu à leur confinement dans un rôle de figuration. D'où l'impression générale à la clôture de ce séminaire d'une Algérie trop vite passée d'un protectionnisme frileux à une ouverture sans pudeur. Plus d'un économiste se sont interrogés sur les limites de cet accord. « Nos médias se limitent à jouer le rôle de caisses de résonance. Rares sont les journalistes qui maîtrisent l'économie donc en mesure de donner une autre version que celle qui leur est soufflée à l'oreille par un responsable lui-même méconnaissant les règles du jeu du monde économique. » A travers ce constat, M. Abbaci Kaci a exprimé l'avis de tous les participants quant au rôle très limité de la presse nationale en matière d'informations économiques.