L'accord d'association avec l'Union européenne (UE) a fragilisé l'Algérie dans les négociations avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a indiqué hier l'ancien ministre du Commerce, Belaïd Bakhti, dans une intervention qu'il a faite lors d'un séminaire sur l'adhésion de l'Algérie à l'OMC qui s'est tenu au Conseil de la nation. L'Algérie aurait tellement fait de concessions à l'UE, notamment concernant le démantèlement tarifaire, qu'elle est en position de faiblesse dans le processus de négociations en cours pour qu'elle devienne membre de l'institution de Bretton Woods, rejoignant les critiques de certains analystes qui estiment que l'Algérie aurait dû négocier l'accord d'association après son adhésion à l'OMC, estime cet ancien haut responsable. « Peut-on donner à l'OMC plus que ce que l'on a déjà donné à l'Union européenne ? », a-t-il souligné. L'Algérie, selon lui, aurait dû faire une étude d'impact pour mesurer les retombées de son adhésion à cette organisation. Dans un tel contexte, « c'est un saut dans l'inconnu », a-t-il averti. L'ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, a abondé dans le même sens. « Que gagnerons-nous en adhérant à l'OMC ? », s'est-il interrogé d'emblée. « Les pays membres nous demandent beaucoup de concessions et nous n'avons pas de produits exportables », fera-t-il remarquer. D'après lui, l'Algérie qui est passée « de crise en crise » qui ont freiné ses réformes n'est pas prête d'intégrer le système de l'OMC. La secrétaire générale du Parti des travailleurs et députée à l'Assemblée populaire nationale (APN), Louisa Hanoune, s'est insurgée, quant à elle, contre « l'opacité » qui entoure le processus de négociations pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. « Nous négocions dans le secret le plus total », a-t-elle relevé tout en soulignant que le gouvernement devait « être plus clair dans sa démarche ». Elle rappellera dans ce sillage qu'aucune évaluation de l'accord d'association avec l'UE n'a été faite jusqu'à présent. « D'énormes concessions » ont été consenties par l'Algérie dans ce cadre, a-t-elle indiqué en regrettant qu'il n'y ait pas eu de débat sur les engagements internationaux de l'Algérie. Elle estime qu'il est impossible d'avoir un consensus en la matière dans la mesure où « il y a des intérêts contradictoires ». La première responsable du Parti des travailleurs n'a, comme à l'accoutumée, pas mâché ses mots contre l'OMC. Pour elle, cette institution « n'est pas neutre et n'est pas indépendante, car elle est sous la coupe de l'administration américaine ».