La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) ne s'est pas seulement limitée à la critique et au rejet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Elle propose un plan de sortie de crise. C'est ce qu'a révélé son nouveau président, maître Hocine Zehouane, lors d'une conférence de presse animée au siège de l'organisation, à Alger. « Nous ne nous limitons pas à la critique. Nous avons un plan rigoureux, méthodique, charpenté et structuré pour la résolution de la crise nationale. Nous sommes en mesure d'expliquer notre plan en 20 minutes », a-t-il déclaré aux journalistes en présence des membres du nouveau bureau exécutif de la ligue et de l'ex-président, Ali Yahia Abdennour. Les membres de la ligue, faut-il le souligner, semblent incapables de se séparer de leur ancien président. Ils lui ont décerné le titre du président d'honneur de la LADDH. La procédure de sortie de crise de la LADDH a été résumée en quelques mots par maître Hocine Zehouane. Il s'agit de la réparation des préjudices subis par les familles de victimes du terrorisme, à travers la justice, la vérité et le droit de savoir. Selon l'orateur, une fois ces préalables satisfaits, on pourra aller vers une catharsis : une pratique qui fait guérir et résorber définitivement les plaies béantes qui sont les conséquences d'une grave crise nationale. La LADDH propose également un mémorandum national à la mémoire des victimes de la tragédie pour qu'il n'y ait pas d'oubli chez les générations futures. Outre cette proposition, la plus ancienne ligue des droits de l'homme en Algérie, s'apprête à rendre publique dans les jours à venir une charte des droits de l'homme en Algérie. Un document, dont les grandes lignes ont été circonscrites par Hocine Zehouane. Il s'agit d'une contribution de la LADDH, selon lui, pour la promotion des droits de l'homme tant en Algérie que dans le monde. « Nous voulons reconquérir notre part dans le monde. Notre peuple revient de loin et il est grand temps de faire un bilan de notre déficit en matière des droits de l'homme. Notre proposition est une approche originale sur la question des droits de l'homme. Nous avons également une approche originale et critique concernant la femme », a-t-il expliqué. Revenant sur la campagne pour le référendum du 29 septembre prochain, le conférencier conteste l'interdiction de tout débat contradictoire autour du projet de charte. « Est-ce que le gouvernement est faible à ce point pour ne pouvoir organiser un débat contradictoire ? » ,s'est-il interrogé. Dénonçant les campagnes de répression ciblant toutes voix discordantes, l'orateur insiste sur le droit à la vérité et à réparation des victimes. « Il faut que nous cherchions la vérité avant de rechercher les types de juridictions applicables aux responsables de la crise », a-t-il souligné. Revenant sur le deuxième congrès de la LADDH, tenu, le week-end dernier à Boumerdès, les membres du bureau exécutif de cette ligue se sont expliqués sur les remous ayant caractérisé les travaux de cette rencontre. « L'article 18 du statut de la ligue existait depuis sa création en 1985. A l'époque, le pluralisme n'avait pas vu le jour en Algérie. Il y eu certains militants qui voulaient sa suppression mais la majorité l'a maintenu », dira Ali Yahia Abdennour. De son côté, Noreddine Benissad a affirmé que cet article était introduit à l'époque pour empêcher les responsables du parti unique de prendre la direction de la ligue. Il est à rappeler que des militants de l'organisation, dans leur majorité des militants du FFS, ont contesté le maintien de l'article en question et ont quitté la salle des travaux, pendant près d'une heure. Ce fameux article 18 porte sur l'incompatibilité des statuts de la LADDH avec les fonctions au sein de l'Etat et au sein des partis politiques. Pour le bureau exécutif de l'organisation, le congrès a été une réussite et le débat démocratique a prévalu.