La commune de Oued Chorfa relevant de la daïra de Djendel, située à 55 km au sud-est du chef-lieu de wilaya de Aïn Defla et limitée au nord par la wilaya de Médéa, occupe une position géographique stratégique. En effet, distante de 155 km d'Alger et située à 500 m d'altitude, le site surplombe le barrage Ghrib, lui-même situé à proximité de l'oued Chlef, lesquels font de cette région l'endroit idéal à un développement touristique qui pourrait sortir cette commune et ses environs de la grande précarité, conséquence des années de terreur. Le P/APC dira : « Cette commune de plus de 10 000 habitants enregistre un taux de chômage de près de 70%, et il n'existe à l'heure actuelle aucun projet susceptible d'atténuer ce taux. » Poursuivant, il nous fera savoir que la majorité des citoyens en âge de travailler se déplacent à l'extérieur de la wilaya pour dénicher un emploi souvent temporaire. Le P/APC rappellera que sa municipalité prend en charge une dizaine de douars éparpillés çà et là, dont plusieurs ont connu des incursions terroristes, lesquelles se sont soldées par des massacres ayant décimées des familles entières en un seule nuit. Activité gelée et structures abandonnées... Poursuivant, notre interlocuteur soulignera que des douars entiers demeurent désertés, jusqu'à l'heure, car leurs habitants refusent d'y retourner en dépit d'une présence militaire renforcée. Aussi et on pourra le constater, les bidonvilles ont pris naissance à la périphérie des zones urbaines, conséquence de cet exode sauvage. Un membre de l'assemblée communale avouera que cette commune isolée et marginalisée est pauvre - malgré un décret datant de 1982 qui la classe zone touristique. Cependant, ajoutera-t-il, ce statut ne l'a jamais fait bénéficier de ressources financières provenant de ce secteur. Par ailleurs, nos interlocuteurs affirmeront que cette région était entre les années 1970 à 1980, une destination rêvée de nombreux visiteurs, en raison de son climat et de ses paysages composés en grande partie de forêts de pin d'Alep, de chênes verts, d'eucalyptus... et aujourd'hui d'un îlot boisé qui s'est formé au contact du barrage sur une superficie de 5 ha. Le barrage, véritable ouvrage d'art, a de tout temps constitué une immense attraction. En effet, Mohamed Meliani en charge de la sécurité nous fera savoir que c'est le seul barrage qui domine un oued aussi important, celui de Chlef, et facilement accessible par route ou par piste forestière, car distant de 800 m du chef-lieu de commune. Continuant, il nous apprendra que cet ouvrage exceptionnel sur le plan architectural vit le lancement de ses travaux en 1927 et fut mis en exploitation en 1940. Un facteur, selon lui, d'une grande portée historique, puisque il fut la preuve de la détermination du régime colonial français à vouloir exploiter à fond les potentialités de cette région et pendant longtemps. Soulignons en outre que les alentours du barrage offrent des espaces verdoyants et une forêt où l'on pratique la chasse au gibier composé notamment de lièvre, de perdrix et d'autres espèces. Un motel à l'abandon... De plus, la surface aquatique permet aux amoureux de la pêche de s'adonner à ce loisir en profitant de plusieurs espèces de poissons, en particulier la carpe. A ce propos, on signalera l'organisation d'un concours national de pêche à Oued Chorfa en collaboration avec le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques dans le cadre d'un protocole d'accord. Séparé du barrage par un mur et un grillage, un motel s'étendant sur près de 10 ha offre un spectacle désolant. Selon nos interlocuteurs, ces pavillons et toutes ces structures d'accueil étaient jadis, bien avant la montée du terrorisme, un centre de touristes, notamment dans le cadre des colonies de vacances. A présent, et depuis la fin des années 1980, les bâtisses laissent apparaître leur ossature rongée par la rouille et des façades délabrées autour d'une végétation abandonnée. Pourtant, le portail pour y accéder est toujours intact, car deux familles occupent une partie des pavillons autour desquels les habitants fuyant le terrorisme ont installé des maisons de fortune. L'endroit gagnerait à être réhabilité, d'autant qu'il permettrait, selon les jeunes chômeurs rencontrés sur une falaise, de résoudre le problème de l'emploi. Tant de dégradation est insupportable, ajoutera l'un d'eux, alors que la région renferme des richesses naturelles incontestables. Rappelons que dans un rapport en date de 2003, des responsables du tourisme à Aïn Defla avaient suggéré la réhabilitation de cette structure. Soulignons pour conclure que Nourdine Moussa, ministre du Tourisme, a déclaré récemment à Aïn Defla qu'il existe des projets pour la wilaya, ajoutant que le secteur a besoin de professionnels pour permettre un décollage économique du tourisme, particulièrement dans cette wilaya où le terrorisme a frappé très fort, notamment en s'attaquant à la station thermale de Hamam Righa et en incendiant l'hôtel El Moultaqa de Khemis Miliana.