Maraghna, un village de la commune d'Illoula Oumalou, à une soixantaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, a rendu mercredi dernier un vibrant hommage à Ameziane Mehenni, fils du chanteur et militant de la cause berbère et porte-parole du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), Ferhat Mehenni, à l'occasion de la commémoration du 40e jour de son assassinat. A l'entrée du village, des banderoles noires ont été fixées et sur lesquelles ont pouvait lire : « Hommage au fils et non moins ami et confident de Ferhat ». Dans le salon du domicile, beaucoup d'amis : Maîtres Ali Yahia Abdenour et Mokrane Aït Larbi, entre autres. C'est vers 18h45 que l'immense procession constituée d'hommes, de femmes et d'enfants s'est dirigée silencieusement vers le cimetière du village. Des jeunes portants qui des gerbes qui des roses se sont succédé autour de la tombe d'Ameziane, fraîchement aménagée, qui se retrouve rapidement recouverte de fleurs. Après la minute de silence, Ferhat s'adresse brièvement à l'assistance pour les remercier et cède la parole successivement à Ali Yahia Abdenour, Mokrane Aït Larbi et à un jeune ami d'Ameziane qui ont tous mis l'accent sur ses qualités, sa simplicité, son courage et son intelligence. Tous ont souligné que très jeune déjà, Ameziane faisait souvent partie des cortèges des responsables du Mouvement culturel berbère (MCB) de l'époque qui se rendaient à Berouaghia, Blida, Médéa et à Tazoult-Lambèse où étaient incarcérés les militants berbéristes, dont son père, condamnés par la cour de sûreté de l'Etat. Hassan Hirèche, professeur universitaire à Saint-Denis (Paris), termine en lisant la déclaration de circonstance. Dans cette dernière, Ferhat déclare : « En m'assassinant moi, ces criminels m'auraient tué une seule fois. En assassinant mon fils Ameziane, ils me tuent tous les jours ». A propos des suites de l'enquête qui est menée en France, Ferhat, que nous avons approché chez lui, affirme qu'elle est toujours au stade des investigations. Il ne voudrait avancer quoi que ce soit pour éviter d'anticiper ou parasiter l'enquête policière. Mais il conclut par ces termes : « Je suis sidéré cependant d'apprendre que la police française se soit empressée de déclarer que cet assassinat n'a aucune relation politique. La brigade criminelle, quant à elle, au lieu d'enquêter ailleurs, s'intéresse beaucoup plus à chercher les poux dans la tête de la victime. Je condamne enfin le blak-out des médias français qui ont ignoré tout d'un crime politique commis sur leur sol. » Mais Ferhat continue à croire que la vérité éclatera un jour, pour la Kabylie, pour le peuple kabyle, et les criminels répondront de leurs actes.