Il faut étudier le système éducatif du primaire à l'université pour déterminer les lignes de force d'une politique nationale », a déclaré, hier, le Président Abdelaziz Bouteflika alors qu'il inspectait le chantier d'extension de l'Institut des mathématiques à l'Université des sciences et technologie Houari Boumediène (USTHB), à Bab Ezzouar, à l'est d'Alger, dans la cadre de sa tournée dans la capitale. Une affirmation qui pose la question du sort du travail de la commission de réforme du système éducatif, dite commission Benzaghou, et dont les recommandations ont commencé à être appliquées. Le chef de l'Etat a proposé, en inspectant le chantier de l'Institut d'informatique à l'USTHB, que les étudiants « signent un contrat avec leur pays ». « Ou ils remboursent l'Etat s'ils partent à l'étranger ou ils s'engagent à travailler pendant quelques années pour leur pays », a dit Bouteflika, ajoutant : « Il est immoral de prendre son diplôme en Algérie et partir au Canada. » Faute de ce « contrat », Bouteflika a avancé une « nouvelle formule du service national ». « Je préfère le dialogue et que les étudiants fassent des propositions. Ils ont une dette envers la société, car les étudiants bénéficient de la gratuité de la scolarité », a-t-il appuyé. A ses yeux, l'Etat « ne peut continuer à former au profit des pays développés ». « Je sais que l'informatique est une discipline très demandée dans les pays avancés. L'encadrement intermédiaire, ils le prennent ici », a-t-il ajouté. « Au G8, on nous dit ‘‘Retenez vos étudiants'' », a enchaîné le Président. Un enseignant a évoqué la question de la « stimulation » qui peut retenir les fraîches promotions en Algérie. « On n'aime ou on n'aime pas l'Algérie. C'est la meilleure stimulation. Ce n'est pas une question d'argent », a répondu le chef de l'Etat. Bouteflika a appelé à organiser un séminaire national pour faire le bilan dans le domaine des études supérieures. « Il faut déterminer ce dont la société a besoin comme diplômés selon les filières. Ceux qui seront les plus demandés seront choyés », a dit le Président. Lors de l'exposé présenté par des encadreurs de l'Institut de mathématiques, le constat du peu d'attrait de cette filière a été souligné, alors que les statistiques et la recherche opérationnelle drainent plus d'étudiants. « Ce n'est pas irréversible, il faut une communication avec les étudiants. C'est une question d'organisation aussi. Si nous avons besoin de mathématiciens, il faudra les encourager », a poursuivi Bouteflika. Avant de s'engager sur ces questions, le Président a lancé d'entrée de jeu : « L'Algérie était, dans les années 1970, le premier pays du tiers-monde. Aujourd'hui, il y a beaucoup de retard à rattraper. »