La récente visite à Constantine du ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, semble avoir donné le véritable coup de pouce tant attendu au fameux projet du tramway, devenu au fil des années le cheval de Troie des autorités de la ville. Après l'étude de faisabilité du projet confiée au bureau d'études français Ingerop, achevée déjà du temps de l'ancien wali de Constantine, qui a mis en évidence l'utilité du tramway dans une ville en proie à des problèmes de transports, devenus de plus en plus complexes, la phase de concrétisation aura buté durant longtemps face à l'inextricable dilemme de la démolition du siège du groupement de wilaya de la Gendarmerie nationale et de la fameuse prison du Coudiat, classée désormais patrimoine historique. Depuis, beaucoup d'encre a coulé à l'antique Cirta entre les tenants et les opposants à la thèse de la démolition, sachant que parmi les deux variantes de trajet proposées, celle devant passer par les lieux a été retenue en raison des avantages qu'elle offre en matière d'espace et de faisabilité malgré son coût élevé. De son côté, le wali de Constantine, fort de l'appui du ministère des Transports et surtout de celui de la Présidence, qui a montré un intérêt particulier pour la matérialisation du projet du tramway, s'est distingué en annonçant la couleur tout en affichant une volonté de vouloir entamer le projet dans les meilleurs délais. « Si la réalisation de ce projet nécessitera de procéder à des démolitions pour l'intérêt de la ville et de sa population, je ne reviendrais pas en arrière », déclare Abdelmalek Boudiaf, wali de Constantine. La présence du ministre a tranché définitivement la question de la démolition de la prison du Coudiat, puisque le premier responsable du secteur n'est pas venu à Constantine sans avoir l'accord tacite du ministère des Moudjahidine. Mohamed Maghlaoui usera de diplomatie pour convaincre et rassurer les associations de sauvegarde du patrimoine de la ville sur le devenir du site. « L'histoire de la ville de Constantine n'est pas oubliée, elle sera toujours sauvegardée pour les futures générations. Une stèle commémorative sera érigée à la mémoire de ceux qui sont passé par ces lieux de torture. Il faudra penser tout de même à l'avenir de la ville », rappellera-t-il. L'exposé des différentes phases du projet suivant l'étude réalisée par le bureau français Ingerop et l'entreprise du métro d'Alger dévoilera l'importance stratégique d'un moyen de transport qui aura à absorber une saturation de circulation au niveau d'un centre-ville qui véhicule 60% de la population et regroupe 70% des emplois. Le choix du trajet a été porté sur la ligne partant du centre-ville vers la cité Zouaghi via l'avenue Kaddour Boumeddous. Cette ligne de 9 km a un coût de 17,1 milliards de dinars, le tramway partant de la place des Martyrs passera par la rue Abane Ramdane, de la rue John Kennedy vers l'avenue Kaddour Boumeddous, puis de la rue Baraka vers le prolongement de l'avenue Kaddour Boumeddous et passer à proximité de l'université islamique Emir Abdelkader vers le boulevard Che Guevara. En arrivant à la RN5, il aura ensuite à traverser un viaduc de 470 m au-dessus de la zone industrielle Rhummel pour atterrir à l'université des Frères Mentouri, d'où il rejoindra la RN 79 pour terminer sa course à la cité Zouaghi. Sur cette trajectoire, plusieurs aménagements seront prévus pour la création de 16 stations, 2 parcs pour les bus et les voitures et 3 pôles d'échanges à la place des Martyrs, la zone industrielle Rhummel et la cité Zouaghi. Alors que le début des travaux est prévu pour le 1er janvier 2007, le wali saisira l'occasion pour ordonner la préparation des chantiers de déviation des réseaux de gaz et d'AEP ainsi que les procédures à engager pour l'expropriation des parcelles de terrain et la démolition des bâtisses situées sur le passage du tramway. La commission composée des responsables du secteur des transports, des travaux publics, du logement et des équipements publics, des services des domaines et de l'APC de Constantine aura du pain sur la planche, surtout que l'opération qui fait rappeler celle du projet de l'autoroute est-ouest ne sera guère de tout repos, car on s'attend déjà à ce que les propositions d'indemnisation ne soient pas facilement acceptées par les propriétaires concernés. Notons aussi que le bureau d'études chargé du projet aura fort à faire pour résoudre le problème de la trémie de l'Emir Abdelkader inaugurée en août dernier et qui sera un véritable casse-tête pour le passage du tramway par un point classé névralgique et qui devra faire l'objet de nouveaux aménagements. Si la réception du projet est prévue pour la fin de l'année 2009 tenant compte des gymnastiques demandées par le wali pour écourter les délais de réalisation, les Constantinois devront patienter encore longtemps avant de voir surgir un décor futuriste pour une ville qui a autant de retard à rattraper.