L'accent a été mis sur la nécessité de maîtriser les coûts réels. La visite de travail effectuée jeudi dernier à Oran par le ministre des Transports, M.Mohamed Maghlaoui, a été l'occasion de faire un utile diagnostic de l'état des lieux d'un secteur marqué par des contraintes récurrentes, des insuffisances et des retards dans bon nombre de projets. Avec l'ouverture du nouveau salon d'honneur de l'aéroport et le démarrage de la deuxième station de contrôle technique des véhicules, la visite d'inspection du ministre a porté sur le lancement officiel des activités de la nouvelle entreprise de transport public de wilaya. Créée il y a moins de six mois sur délibération de l'APW, cette nouvelle entité a été dotée d'une première tranche de 25 autocars mis en service sur les principales lignes urbaines de l'agglomération. Pour éviter les problèmes et les contraintes connus et déjà vécus par la presque défunte entreprise communale des transports, le responsable du secteur n'a pas manqué de formuler des orientations et de donner de fermes instructions en matière de normes d'exploitation, de gestion et de maintenance. Les bus flambant neufs, qui occupent et concurrencent désormais les transporteurs privés sur les lignes urbaines les plus rentables, ont été accueillis avec satisfaction par les usagers. Le ministre des Transports n'a pas manqué également de se pencher sur l'ancien projet, vieux de 20 ans, de liaison ferroviaire entre Oran et le pôle industriel d'Arzew. Là encore, des instructions et des mesures ont été prises pour lever les contraintes en cours et accélérer la réalisation de ce projet qui, selon le ministre, devra être opérationnel en juin 2006. Une échéance qui semble trop optimiste compte tenu des situations en matière de finition de quelques ouvrages d'art, de finalisation des dossiers d'occupation de terrains pour utilité publique et surtout du choix définitif du tracé d'accès à Arzew qui pose encore problème. L'autre grand projet qui aura retenu l'attention du membre du gouvernement a été celui du projet de tramway du Grand Oran. Les études de faisabilité de ce projet, menées par un bureau spécialisé français, avaient démarré en septembre 2003 et ont connu six phases successives, jusqu'à leur adoption, il y a trois mois, par le comité technique chargé du projet. Le ministre et le wali d'Oran ont insisté sur la nécessité d'impliquer la société civile dans ce projet qui intéresse l'ensemble de la population oranaise. Il y a, en effet, moins de trois mois, la présentation des travaux d'études de faisabilité par les experts concernés a donné lieu à une série de questions reflétant de sérieuses préoccupations en termes d'intégration du projet de tramway au tissu urbain de l'agglomération oranaise. Ces études préliminaires, qui ne visent en fait qu'à répondre à la question de savoir si un projet de tramway est faisable et réalisable à Oran, devraient aboutir au lancement de l'avant-projet d'étude de réalisation (APE) qui sera confié au bureau d'études rattaché à l'Entreprise du métro d'Alger. Des modélisations ont abouti à des propositions de circuits évolutifs permettant de relier le centre-ville historique de la place du 1er-Novembre aux périphérie sud et est de la ville. Le montant total du projet a été estimé à 31 milliards de dinars dont 25,5 milliards pour les 17,7 km prévus dans la phase 1. Les échéances de réalisation pour la première phase, initialement fixées à 2011, ont été ramenées à 2009 sur instructions du ministre, fondées sur des arguments techniques. Le projet de tramway pour Oran, tout comme ceux prévus à Annaba, Constantine et Alger, est inscrit au plan quinquennal de consolidation de la croissance qui est doté de 55 milliards de dollars et ne pose a priori aucun problème de financement. Cependant, l'accent a été mis sur la nécessité de maîtriser les coûts réels, compte tenu des aléas et des difficultés en matière de travaux de déviation des réseaux divers (eau, électricité, gaz, télécoms), des coûts d'expropriation pour utilité publique et des charges induites par les corrections et le redimensionnement de certains projets urbains en cours. Mais comment adapter un tel projet structurant sur un tissu urbain en constante croissance anarchique? Comment assurer le respect des délais quand on sait que des travaux de simple voirie sont souvent marqués par une forme de laxisme, d'absence de coordination et de retards récurrents? Comment adapter le projet à la ville quand on connaît toutes les failles et les insuffisances déjà enregistrées en matière de respect des POS de certains quartiers de la cité? L'histoire de l'ancienne régie de transport communal, celle du téléphérique, ou encore l'anarchie dominante au niveau du transport collectif privatisé reflètent aussi l'absence de cette dimension culturelle bien nécessaire à la modernisation et au développement urbain en général de la ville. Autant de préoccupations qui ont été exprimées autour du projet de tramway.