La Kabylie n'a pas voté pour la charte du Président. Est-ce parce que les Kabyles sont contre la paix ? Non. Les Kabyles ont été les premiers à combattre le terrorisme et l'islamisme qui l'a enfanté. La Kabylie n'a pas voté, parce qu'elle se sent méprisée, ignorée. Depuis l'indépendance, la région a toujours marqué son opposition au Pouvoir. Elle revendique depuis longtemps un statut pour une langue millénaire. Les Kabyles s'estiment lésés dans leur algérianité. On leur refuse leur identité. En Kabylie, les citoyens ne sont nullement contre la paix, eux qui ont vécu des moments douloureux, mais le discours du président de la République à Constantine ne les a pas encouragés à aller voter. A chaque consultation électorale, à chaque événement important dans la vie du pays, le pouvoir central essaye de pointer du doigt cette région, de la singulariser, au risque de fragiliser l'unité nationale. Diviser pour régner. Telle est la stratégie du pouvoir, qui voudrait faire admettre au peuple algérien que la Kabylie représente une menace pour l'Algérie, mais la réalité est tout autre. C'est le discours de nos gouvernants qui menace cette unité. La Kabylie est d'abord une région d'Algérie, une région qui a sacrifié ses meilleurs fils pour ce pays. Dans toutes les manifestations organisées en Kabylie, les citoyens ont toujours mis en avant le drapeau national. Il n'y a jamais eu de problèmes entre les Algériens de Kabylie et ceux des autres régions du pays. La Kabylie a été au-devant de toutes les luttes démocratiques et c'est pour ça que ceux qui sont porteurs de la négation de la démocratie, ceux qui nous gouvernent ne l'aiment pas. Et ils l'expriment ouvertement. Bouteflika qui considère les Kabyles comme des nains, ne fait pas mieux que ceux qui l'ont précédé. Il y a chez nos gouvernants comme un complexe envers la Kabylie. A chaque fois que cette région exprime sa différence, nos gouvernants paniquent et le seul argument valable pour eux est de la diaboliser. Pour eux, il faut éviter que la Kabylie ne contamine les autres régions, sinon c'est la fin de leur règne. Bouteflika, Zerhouni et les autres ne peuvent admettre des voix discordantes, et en Kabylie il y en a des milliers. Le Président s'est déplacé à Tizi Ouzou pour promettre des milliards contre l'abandon par la population de son combat pour les idéaux démocratiques. Jeudi, la population lui a dit : « Non ». Tous les relais du pouvoir et de l'arabo-islamisme ne vont pas se taire. Ils vont encore diaboliser et s'acharner sur cette région qui refuse d'abdiquer et qui veut faire de l'Algérie un pays véritablement démocratique, tourné vers la modernité et le progrès.