On l'observe un peu partout et depuis longtemps : les droits de l'Homme mènent à tout. La cause sert très souvent de plate-forme à la sous-traitance politique. Ali Yahia Abdenour est l'illustration même de vagabondage politico-judiciaire. Entre deux occasions judiciaires, il s'engage dans une entreprise partisane. Soutenir l'ordre de “la loi légitime” défendu à Sant'Egidio ou recommander “les valeurs démocratiques partagées en Kabylie”, qu'importe ! Il le dit lui-même avec ses cosignataires : il sait passer “de l'affrontement au partenariat”, façon de traduire son aptitude à changer de partenaires. L'occasion fait le luron. Et pour cela, il s'est entouré de “professionnels” des droits de l'Homme dont nous ne soupçonnions même pas l'existence. Tout se passe comme si les pauvres droits de l'Homme ne sont pas là que pour camoufler les identités politiques d'ex-élus et ex-délégués dans un vague et générique pseudonyme. Il y a quelque chose de gênant dans le concept de “vote option”, supposé remplacer le vote sanction — lequel ? Il fait musicalement penser aux “stocks options” que les dirigeants de firmes s'octroient au moment où ils sentent que leur gestion est en passe de mettre l'entreprise en faillite. Le discours totalitaire et populiste a fait des émules, jusqu'à se généraliser. Bouteflika ne nous a pas imposé une apologie référendaire de l'islamisme et du terrorisme ; il nous a fait choisir entre la guerre et la paix. Nous continuons à mourir par la guerre, mais nous désarmons pour la paix. De la même manière, Ali Yahia Abdenour, version droits de l'Homme électoralistes, nous conduit jusqu'à l'urne, dans ce pays où il y aurait, selon les saisons, de bonnes et de mauvaises élections. N'est-ce pas aux forces qui se retrouvent, “par différents chemins”, comme le précise le communiqué, de se rapprocher ! Si l'on pouvait s'associer sans se raconter ses aventures passées, les choses auraient été tellement plus simples. Et les raccourcis du genre de l'appel de Ali Yahia et compagnie auraient été inutiles. Peut-être faudra-t-il rappeler que l'élection anticipée qui se prépare n'a pas un grand intérêt du point de vue de la gestion locale, au vu du délai imparti aux initiatives des futures assemblées communales et de wilaya. Et que la question est à ce point politique qu'il n'était même pas utile d'importuner des personnalités accaparées par tant de problèmes afférents aux “droits de l'Homme” pour nous le rappeler. Ceux qui reviennent au vote par des chemins détournés et appellent à un vote massif demandent indirectement à la région de faire comme si de rien n'était. La Kabylie n'a pas voté contre la charte de l'amnistie. Elle aurait peut-être aimé pouvoir le faire. Mais il se trouve qu'elle n'a pas voté, refusant de donner son crédit à un vote sous le régime en place. La Kabylie n'a pas non plus voté, ce 29 septembre, parce qu'elle n'a pas oublié la répression dont elle venait de faire les frais et parce que le “dialogue”, ouvertement dénoncé dans ses résultats par le chef de l'Etat à Constantine, s'est révélé pour ce qu'il est : un passe-temps de compères. Rien n'est venu, à part les discours, réparer l'offense. Le sang, ici comme ailleurs, n'a pas séché. Pas pour tous, en tout cas. Il sera difficile d'y exercer ce nouveau métier qui a remplacé la politique : convaincre les citoyens d'oublier. M. H.