Le président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), au pouvoir en Mauritanie, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, a estimé que « nous ne pouvons en aucun cas tolérer l'existence d'un parti islamiste qui prétendrait détenir l'expression politique de la religion. Ce serait inacceptable etinconstitutionnel ». « S'agissant des islamistes qui ont opté pour la violence ou qui sont affiliés à une organisation prônant la lutte armée, il est clair que la loi doit s'appliquer », a déclaré le colonel Ely Ould Mohamed Vall dans un entretien au dernier numéro de l'hebdomadaire Jeune Afrique, l'Intelligent. « C'est une question de sécurité nationale et de respect de nos engagements internationaux en la matière », a-t-il souligné. Il a estimé que « la Mauritanie est un pays à cent pour cent musulman où l'Islam appartient à tous et à chacun. Dans ce cadre, nul ne peut s'en arroger le monopole. Nous ne pouvons donc en aucun cas tolérer l'existence d'un parti islamiste qui prétendrait détenir l'expression politique de la religion ». « Ce serait inacceptable et inconstitutionnel », a-t-il dit. Par ailleurs, concernant la question du Sahara-Occidental, le colonel Ely Ould Mohamed Vall a souligné que la « parfaite conformité avec les décisions internationales » et la « recherche constante d'une solution consensuelle » balisent les positions de la Mauritanie sur ce conflit entre le Maroc et la RASD. Par ailleurs, dans le même entretien, le nouveau président mauritanien est revenu sur les raisons du coup d'Etat du 3 août 2005, évoquant « un pays où la culture démocratique est balbutiante » et où « on a diabolisé une opposition réduite à sa plus simple expression, l'Assemblée nationale et le Sénat sont devenus monocolores et ce qui restait comme indus en dehors de ce système clientéliste a été contraint à la clandestinité ou à l'exil ». « Nous n'avons pas fait un coup d'Etat, mais un contrecoup d'Etat pour rétablir une démocratie avortée », a-t-il poursuivi, estimant que « notre action a été une action de rupture » et que « tout va changer ». Il a réaffirmé qu'il ne présentera pas sa candidature à la présidentielle de 2007 et que « celui qui sera élu sera intouchable et insoupçonnable. C'est le seul moyen pour que notre pays retrouve sa virginité politique et morale ». En attendant cette échéance électorale, il a indiqué que la Mauritanie est actuellement dirigée par « un Conseil militaire composé de dix-sept membres qui, au nom de l'armée, ont décidé de procéder au changement et d'être les inspirateurs d'un nouveau projet de société ». « Une chose est sûre : ni moi ni mes collègues du CMJD (conseil militaire) n'envisageons une seule seconde de nous éterniser au-delà du délai fixé » pour la période transitoire devant aboutir à la présidentielle. « Nous devons mettre les compteurs à zéro », et « regardons l'avenir et oublions le passé », a-t-il poursuivi, soulignant que « la reconstruction, l'apaisement, la symbiose nationale priment tout le reste, quitte à faire l'impasse sur certains comportements anciens et répréhensibles. La Mauritanie nouvelle ne peut se bâtir sur les règlements de comptes ». « Ce qui importe aujourd'hui, c'est de fonder un Etat de droit, non un Etat ethnique ou un Etat tribal, mais un véritable Etat de droit au sein duquel chaque citoyen jouira des mêmes droits et aura les mêmes devoirs », a-t-il répondu à une question soulevant certaines formes d'extrémisme intercommunautaire. A signaler par ailleurs qu'une délégation de l'Union africaine (UA) a été reçue dimanche par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, a rapporté hier l'Agence mauritanienne d'information (AMI). « Nos entretiens ont porté sur le soutien et l'accompagnement que peut apporter l'UA au pays dans ses efforts pour le retour à l'ordre constitutionnel dans les plus brefs délais », a déclaré le président de la délégation, Saïd Djinnit, commissaire de l'UA chargé de la paix et de la sécurité, à l'issue de l'audience avec le président du CMJD. La mission africaine doit rencontrer lundi et aujourd'hui les partis politiques et la société civile. Elle aura également plusieurs réunions avec les autorités chargées du processus démocratique, selon son programme. Une mission de l'Union européenne (UE) a effectué la semaine dernière une visite officielle de prise de contact avec les autorités mauritaniennes. La délégation européenne avait affirmé soutenir « les efforts entrepris par l'UA » dans le sens du retour à la démocratie en Mauritanie. Les nouvelles autorités mauritaniennes ont pris le pouvoir après avoir renversé, le 3 août dernier, le président mauritanien Maaouiya Ould Sid-Ahmed Taya. Le CMJD restera au pouvoir en Mauritanie pour une période de transition n'excédant pas deux ans.