Le Conseil militaire pour la justice et la démocratie fait patte de velours et tente de se placer dans un environnement international très critique. Le nouveau pouvoir à Nouakchott joue une partie serrée singulièrement envers la communauté internationale très critique. Accordant à la junte militaire le bénéfice du doute, jusqu'à plus ample information, la population locale ne semble pas trop regretter le président déchu Maâouiya Ould Sid Ahmed Taya, qui a régné sans partage durant plus de vingt ans sur le pays. De fait, la classe politique et les formations politiques mauritaniennes, à l'exception notable du Parti républicain démocratique et social (Prds du président déchu), ont plutôt bien accueilli ce changement en soutenant et en faisant «allégeance» au nouveau pouvoir militaire. Population, société civile et classe politique n'ont pas trop pleuré sur la chute de l'ex-dictateur. C'est en fait sur cette répulsion envers l'ex-président que joue le Cmjd pour se faire admettre par les Mauritaniens fatigués par deux décennies de dictature d'Ould Taya. En fait, la difficulté pour le Cmjd vient de l'environnement international, très critique -condamnant systématiquement l'accession au pouvoir par la force-, que le nouvel homme fort de Nouakchott, Ely Ould Mohammed Vall, tente de convaincre de ses bonnes intentions et de sa détermination à instaurer la démocratie et la bonne gouvernance en Mauritanie. Ainsi, le délai de deux ans fixé au lendemain du putsch du 3 août par le Cmjd pour un retour à la normale a été réduit à une seule année. C'est ce qu'a indiqué samedi le responsable d'un parti politique affirmant que le colonel Ould Mohammed Vall lui a déclaré que des élections et un référendum seront organisés en Mauritanie dans un délai n'excédant pas une année. Ainsi, selon Chbih Ould Melainine, président du Front populaire (FP, opposition), reçu samedi avec d'autres chefs de partis, le colonel Ould Mohammed Vall leur a «promis que les amendements soumis à référendum limiteront les mandats présidentiels à deux mandats et que des concertations avec les partis en détermineront la durée maximale». Aussi, dans l'optique de rassurer ses interlocuteurs, l'ancien directeur de la police mauritanienne assurera qu'aucun membre du Cmjd ne sera candidat à des postes de responsabilité. Ces bonnes dispositions du nouveau pouvoir apparaissent également dans le maintien de la Constitution et du gouvernement qui était en place. Seul, en fait, le Parlement a été dissous. De fait, le Conseil militaire pour la justice et la démocratie veut jouer en douceur et se présenter comme une institution ayant pour seul souci de remettre la Mauritanie dans la bonne direction. Si pour des raisons évidentes, le nouveau pouvoir a trouvé peu d'opposition en Mauritanie, de fait, la seule victime du coup d'Etat, qui s'est effectué sans effusion de sang, reste encore le président déchu Maâouiya Ould Sid Ahmed Taya. Recevant les ambassadeurs occidentaux, arabes et africains accrédités à Nouakchott, le colonel Ely Ould Mohammed Vall s'est attaché à expliquer que le changement souhaité par la population ne pouvait se faire avec Ould Taya à la tête de l'Etat. Le colonel Ould Vall dira à cet effet dans une de ses déclarations qu'il «n'avait pas honte d'avoir appartenu au pouvoir» déchu, regrettant que tous «nos efforts pour changer la situation dans le bon sens ont toujours échoué avec l'ancien président» mettant en cause le «parti Etat» qu'était le Prds de l'ex-président. Il expliqua aux personnalités qu'il a reçues, en prenant à témoin des responsables du parti présents à la rencontre avec les partis, la «dérive totalitaire de l'ancien président», a indiqué, par ailleurs, M.Chbih. De fait, les choses vont vite à Nouakchott, le nouveau pouvoir voulant mettre rapidement sur pied un régime de transition jusqu'aux élections prévues dans une année. C'est ainsi que le Premier ministre Sghaïr Ould M'Bareck, a été convoqué hier par le président du Comité militaire pour la justice et de la démocratie (Cmjd). Le Premier ministre indiquent des sources proches du gouvernement, devrait présenter sa démission et celle de son gouvernement après avoir été reçu par le colonel Ely Ould Mohamed Vall. De fait, la nouvelle charte, votée samedi, qui organise la transition en Mauritanie, prévoit que «le président du Conseil militaire exerce le pouvoir exécutif, nomme le Premier ministre et les membres du gouvernement de transition, qui sont tous responsables devant lui et le Conseil militaire». Le Cmjd avait annoncé jeudi la dissolution du Parlement (Assemblée et Sénat) tout en maintenant le gouvernement et la Constitution au lendemain d'un coup d'Etat sans effusion de sang, qui a renversé l'ancien président Maâouiya Ould Sid Ahmed Taya, rappelle-t-on. Mettant à profit la situation induite par la chute d'Ould Taya, un parti politique l'Alliance pour la justice et la démocratie (AJD non représenté au Parlement) a décidé d'ester en justice l'ex-président pour «pour déportation et massacres» de négro-africains. «L'AJD utilisera toutes les voies légales pour porter plainte contre le dictateur déchu devant les juridictions nationales et internationales pour déportations et massacres massifs de populations négro-africaines», a indiqué son porte-parole, Ba Abdoul Aziz. Le déballage sur les années Ould Taya ne fait sans doute que commencer.