Haut lieu de commerce en tous genres, le quartier d'El Graba connaît, ces jours-ci, une véritable tension qu'alimentent simultanément commerçants légaux et vendeurs à la sauvette qui, à l'approche du mois de Ramadhan, se disputent déjà les quelques espaces encore vides pour étaler leurs marchandises. Une situation qui ne manque pas de provoquer, quotidiennement, des prises de becs qui prennent souvent des tournures inattendues. « Les charrettes de fruits et légumes nous envahissent (...) Les ruelles sont devenues, par la force des choses, piétonnières. Aucune voiture ne peut passer et les commerçants ont beaucoup de mal à charger et décharger leurs marchandises », attestent les commerçants d'El Graba, dans une lettre adressé à notre bureau. « Outre la saleté en fin de journée, ils ramassent (ndlr : vendeurs à la sauvette) les cartons d'emballage et allument un grand feu de camp. A plusieurs reprises, on a alerté la protection civile qui s'est dépêchée sur les lieux. » En juin dernier, les différentes artères du centre-ville de Sidi Bel Abbès, y compris celles d'El Graba, ont connu une opération d'assainissement menée par les éléments de la sûreté nationale, appuyés par ceux de la DCP, visant à dégager les espaces occupés par le commerce informel et les vendeurs à la sauvette. Une opération qui a d'ailleurs mis en avant l'ampleur de ces pratiques et toutes la difficulté d'y mettre un terme dans une ville où le taux de chômage est important. Les vendeurs à la sauvette mis à l'index, opposent des arguments « légitimant » presque leur activité. « On a frappé à toutes les portes pour trouver un emploi stable, étant donné que bon nombre d'entre nous sont des diplômés de l'université et des centres de formation professionnelle. Il y a même certains qui on tenté de créer légalement leur propre affaire, mais, à notre grande déception, on nous renvoie toujours à la case départ. C'est le désengagement de l'Etat et la défaillance des institutions censées promouvoir l'emploi qui encourage le commerce informel. Pour nous, c'est une question de survie, donc on se débrouille comme on peut », soutient Mahmoud, TS en informatique, un habitué des lieux. « Ce sont des jeunes qui ne veulent pas trouver d'emplois stables ; ils se contentent de gain facile sans payer d'impôts », s'emporte un commerçant qui récuse de tels propos. Pour d'autres, plus conciliants, les pouvoirs publics doivent sérieusement réagir pour, d'une part, mettre fin au commerce informel qui envahit le quartier d'El Graba, et, d'autre part, recenser en premier lieu les autres vendeurs à la sauvette, puis les aider et les orienter pour intégrer le monde du travail sans avoir à craindre, chaque jour, les descentes de police et les brimades des commerçants du quartier.