Une centaine de Subsahariens ont tenté, une nouvelle fois hier, de passer en force en territoire espagnol, à travers l'enclave de Melilla, au nord du Maroc. L'assaut a été mené dans la zone de Pinares de Rostrogordo où la clôture de sécurité séparant l'Espagne et le Maroc mesure trois mètres et n'a pas encore été élevée à six mètres comme le reste du périmètre frontalier. Plusieurs dizaines d'Africains ont été blessés. Une quarantaine d'immigrés clandestins sont parvenus à l'aube à entrer dans Melilla après avoir franchi la double clôture de sécurité. Du côté des Espagnols, deux gardes civils ont été légèrement blessés. Cette nouvelle tentative groupée s'est produite à 3h06 GMT au lendemain de l'annonce par le préfet local, José Fernandez Charcon, de l'installation prochaine d'une troisième barrière métallique à la frontière avec le Maroc. La préfecture de Melilla a affirmé, dans un communiqué rendu public le même jour, que les effectifs autour de la clôture barbelée ont été renforcés par deux nouvelles unités de gardes civils antiémeute qui viennent s'ajouter aux six déjà sur place. Depuis la soirée de mardi, un hélicoptère équipé de caméras de vision nocturne venu de Malaga, dans le sud de l'Espagne, fait partie du dispositif de surveillance de la garde civile, renforcé depuis jeudi dernier par des effectifs de l'armée de terre espagnole. Face à ces développements, le commissaire européen à la sécurité Franco Frattini a, rappelle-t-on, annoncé mardi l'envoi prochain d'« une mission technique » de l'UE pour étudier la situation dans les deux enclaves espagnoles au Maroc de Ceuta et Melilla. La date de la mission n'a pas encore été fixée, mais elle devrait intervenir avant le 12 octobre, date de la prochaine réunion d'urgence des ministres européens de l'Intérieur à Luxembourg. Lundi, une infiltration massive d'immigrants par un secteur de la frontière réputé infranchissable avait fait 135 blessés, dont cinq graves, à Melilla. Huit clandestins africains sont morts depuis le début de l'été dans le secteur de la frontière, notamment lors d'assauts, dont cinq à Ceuta, jeudi dernier. Une enquête est en cours, mais Madrid affirme que deux de ces cinq morts présentaient des impacts de balles. Par ailleurs, un rapport remis hier aux Nations unies prônant la mise en place d'une politique mondiale pour encadrer les migrations a estimé qu'une approche entièrement répressive des migrations clandestines n'est ni souhaitable ni réaliste. Le rapport, rédigé par la commission mondiale sur les migrations internationales, reconnaît le droit « souverain » des Etats de prévenir les entrées non autorisées. Il conclut cependant qu'une approche « purement restrictive des migrations irrégulières n'est pas souhaitable ni réalisable et pourrait mettre en danger les droits des migrants et des réfugiés ».