Les premiers résultats d'un essai vaccinal contre le cancer du col de l'utérus ont été présentés vendredi aux Etats-Unis, au congrès annuel de la Société américaine des maladies infectieuses. L'étude encore au stade des essais cliniques a porté sur 12 167 femmes âgées de 16 à 26 ans - vivant aux Etats-Unis et dans 12 autres pays qui n'étaient pas déjà infectées par un des virus - en recevant, après tirage au sort, les unes, trois injections du nouveau vaccin (Gardasil), les autres, trois injections « placebo »(produit inactif), et suivies ensuite régulièrement en moyenne pendant dix-sept mois. Le résultat entre les femmes infectées par les papollomavirus oncogène et celles souffrant de lésions du col, dépistées par frottis, est complètement différent. Ainsi, aucun cas de lésions précancéreuses n'a été observé chez les femmes vaccinées, pour le groupe placebo, 21 cas ont été comptabilisés. C'est le groupe pharmaceutique américain Merck qui a annoncé jeudi dernier qu'un vaccin expérimental était efficace à 100% contre la forme la plus commune de cancer du col de l'utérus. Il empêcherait, selon ce même laboratoire, la formation de la maladie en bloquant deux virus transmissibles sexuellement, le HPV16 et le HPV18 qui ensemble sont à l'origine de 70% de ce type de tumeurs. Après deux ans d'études, incluant celles qui n'ont pas totalement respecté le protocole, un seul cas de lésions a été observé sur le groupe vacciné, contre 36 dans le groupe placebo. Pour le moment, aucun effet secondaire notable n'a été constaté, ajoute-t-on. Cette découverte ne dispenserait pas du dépistage, mais devrait diminuer le nombre de frottis anormaux, de biopsies et de tumeurs. A noter que le cancer du col de l'utérus est provoqué par des infections sexuellement transmissibles dues à certains papillomavirus (HPV). C'est le premier cancer à être reconnu par l'OMS comme étant attribuable à 100% à une infection. Il provoque chaque année 230 000 décès dans le monde et 500 000 nouveaux cas (80% dans les pays en développement), d'après le Centre International de Recherche sur le Cancer de l'OMS. En Europe, 65 000 femmes en souffrent, et on recense environ 25 000 nouveaux cas par an, avec une mortalité de 4,7%. En France, 1000 femmes par an décèdent des suites de cette maladie. En Algérie, l'évaluation n'est pas encore établie au niveau national. Le registre des tumeurs d'Alger de 2003 classe le cancer du col utérin en troisième position avec 7,5% de l'ensemble des cancers de la femme et son incidence brute est de 9,7. Le docteur Hammouda, épidémiologiste et responsable du registre à l'INSP, a souligné dans son étude réalisée en 2005 sur le cancer du col utérin que « la mise au point d'un vaccin contre les types HPV oncogènes permettra de diminuer considérablement l'incidence du cancer du col utérin dans un futur relativement proche. Cependant, il est peu probable que l'introduction d'un vaccin comme arme de prévention du cancer du col puisse se faire dans un délai rapide ». Pour le docteur Hammouda, au plan collectif, les vaccinations actuellement expérimentées étant efficaces contre les types 16 et 18, elles devraient théoriquement prévenir 72,5% des cancers du col en Algérie, si 100% de la population à risque étaient couvertes par ce vaccin. Pour le docteur Isabelle Cartier du Laboratoire Cartier, Paris : « Si les bons résultats se confirment, ce serait plus satisfaisant de prévenir cette maladie par la vaccination plutôt que de la traiter par la chirurgie. »