Les deux décrets qui durcissent, depuis le 29 juillet, l'accès aux soins pour les sans-papiers constituent « une honte humaine et éthique, c'est une nouvelle Louisiane que l'on veut installer ici, aider les Blancs et pas les Noirs défavorisés », a dénoncé Jean-Pierre Dubois, président de la LDH. Plusieurs syndicats CFDT, CGT et Mutualité française ont rejoint les organisations humanitaires pour dénoncer les nouvelles dispositions restrictives sur l'aide médicale d'Etat (AME). Les ONG ont signé jeudi un appel solennel pour le respect de la dignité humaine intitulé « Arrêtez de nous faire honte ! ». L'AME a été instituée en 2000 pour les étrangers ayant un revenu inférieur à 576 euros par mois, mais exclus de la couverture médicale universelle (CMU) parce qu'ils n'ont pas de titre de séjour. Depuis 2003, il faut justifier de « trois mois de présence sur le territoire », et depuis juillet dernier l'AME devient quasiment inaccessible aux étrangers sans papiers. Les deux décrets stipulent que l'AME ne sera accordée qu'à ceux pouvant justifier d'une « présence ininterrompue depuis trois mois » sur le sol français. Ils détaillent les pièces que le demandeur doit désormais fournir pour justifier son identité (quittance de loyer, facture EDF...), là où une simple déclaration sur l'honneur suffisait auparavant. Le titre d'admission devra également comporter la photo du bénéficiaire. Enfin, le demandeur doit justifier de ressources inférieures à 576,13 euros par mois. Près de 168 000 sans-papiers bénéficient aujourd'hui de l'AME. Entre 200 000 et 400 000 sans-papiers Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a affiché cet été l'objectif de 25000 expulsions d'immigrés clandestins en 2005, soit 50% de plus qu'en 2004. La Cimade a constaté aussi la présence d'enfants dans les centres de rétention. Auparavant, le ministère de l'Intérieur estime qu'il y a entre 200 000 et 400 000 sans-papiers en France, un chiffre qui pourrait atteindre les 500 000 d'après SOS Racisme.