Le bidonville Onama, qui se situe en contrebas de la route nationale qui mène vers la wilaya de Batna, est sans nul doute parmi les plus grands quartiers défavorisés de la ville, si ce n'est le pire d'entre eux tous. Les habitants sont las d'attendre que l'on vienne s'occuper de leur cas et de les extirper des conditions déplorables dans lesquelles ils vivent. En effet, ce bidonville qui abrite quelque 300 familles dans une superficie assez restreinte n'a pas bénéficié encore des mesures qui ont touché les autres quartiers du genre. Pourtant, des bidonvilles qui étaient dans un passé récent mitoyens de ce quartier défavorisé ont tous vu leur situation se normaliser et des milliers de familles ont été déplacées vers des habitations décentes et leurs anciennes demeures complètement rasées. Le bidonville Onama ne semble pas jouir du même intérêt des responsables locaux, puisqu'il reste à l'abri des regards car placé derrière un quartier résidentiel qui longe l'autoroute. Il demeure certain que tant que ce bidonville ne viendra pas amocher ou détériorer le paysage, aucun responsable local ne compatira au sort de ces familles, lesquelles sont obligées de supporter des conditions atroces, en été comme en hiver, et prendre leur mal en patience en attendant d'être régularisées comme le furent leurs voisins du célèbre bidonville New York. Les citoyens qui habitent ces taudis souffrent nuit et jour d'un manque déconcertant des choses les plus élémentaires. L'exemple le plus frappant de la vie rudimentaire que mènent ces gens, est le fait que ces derniers n'ont pour seule source d'eau que les camions citernes qui viennent les approvisionner chaque trois jours, et ce n'est guère beaucoup eu égard aux besoins des ménages. L'hygiène ne fait guère l'exception, puisque les rats sont le casse-tête des habitants de l'Onama et des cas de morsures ont déjà été signalés l'été dernier (El Watan, juin 2005), alors que ces même personnes parlent même du cas d'un bébé qui a failli être dévoré par une armée de rongeurs. Ce qui fait craindre le pire, par contre, aux habitants de ce quartier pauvre, n'est autre que la saison pluviale, puisque les demeures ont été fortement endommagées l'hiver dernier avec l'apparition de fissures, alors que certaines toitures ont volé en éclats. Les dommages d'une saison violente sont encore perceptibles et une autre tempête du genre risquera de causer l'irréparable, puisque les toitures de fortune ne résisteront même pas à une petite pluie, alors que les fissures aux murs ne font que s'agrandir au grand dam des habitants qui ne savent plus quoi faire, ni à quel saint se vouer. Le président de l'association de ce quartier, Hafid Delimi, nous avouera son désarroi devant son incapacité à trouver un quelconque interlocuteur capable de prendre au sérieux une pareille menace. Il nous confiera : « Des voisins risquent de devenir fous avec tous les dangers qui nous guettent : les pluies, le vent et le froid. Les rats qui nous envahissent aussi constituent une véritable menace. Sans vous évoquer l'éternel problème du manque d'eau. » Et d'ajouter : « Nous avons fait plusieurs requêtes pour qu'on nous déplace d'ici, en vain. » M. Delimi nous apprendra que l'association qu'il préside a fourni tous les documents nécessaires à différents responsables, mais que toutes les demandes sont restées lettre morte. Les papiers s'entassent apparemment dans les bureaux, alors que la vie de centaines de gens est en danger. Les habitants nous diront d'ailleurs, non sans amertume, qu'ils sont las des promesses qu'ils reçoivent de façon cyclique sans qu'elles ne soient jamais concrétisées. En attendant, ces derniers se préparent à l'hiver qui arrive et qui promet d'être, pour l'énième année, encore plus rude.