Héritant d'un patrimoine immobilier colonial important, la ville d'Oran connaît pourtant aujourd'hui d'énormes problèmes liés en grande partie à la gestion et à la maintenance de ce patrimoine. Les moult affaissements, effondrements totaux ou partiels sont d'ailleurs la preuve du degré de vétusté de cette ville si chère aux Français et aux Espagnols. Riche pourtant de son patrimoine diversifié et multiculturel, Oran pleure aujourd'hui ses monuments et ses bâtisses qui sont en train de partir en ruine. Selon le dernier bilan établi par l'office de promotion et de gestion immobilière, 2 119 bâtisses -ou immeubles- menaceraient ruine à Oran. Parmi eux, 1 009 habitations se trouvent dans un état critique. Ce qui est fort inquiétant, surtout lorsqu'on sait que ce chiffre exclut les habitations appartenant à des particuliers. Ce qui est encore plus angoissant, c'est de savoir que ces bâtisses sont concentrées tout particulièrement dans certains vieux quartiers de la ville. A leur tête, Sidi El Houari ou le vieil Oran, St Antoine, St Eugène, Eckmühl ou encore l'ancien quartier juif « Ed Derb ». Les statistiques montrent, en effet, que Sidi El Houari vient en tête de liste avec 151 immeubles se trouvant dans un état déplorable - ou classés en degré 1- tandis que 66 autres sont des immeubles menaçant ruine de 2ème degré. A St Antoine, 201 immeubles menaceraient ruine. Parmi eux 140 bâtisses sont dans un état lamentable. Concernant Ed Derb, il faut savoir que 224, dont 115 immeubles, de premier degré, menacent ruine. Viennent ensuite St Eugène, St Pierre, le Plateau St Michel et même le centre ville, ce joyau dont Oran est si fière, qui, par la force des choses est devenu une menace pour ses habitants. Un constat amer Et pour cause, les statistiques font ressortir que 326 bâtisses nécessitent réhabilitation. Parmi elles, 50 se trouvent dans un état très critique. Enfin, même les quartiers de Choupôt, Médioni, la ville nouvelle, Sananès ou Bel Air ne sont pas en reste, avec des dizaines de bâtisses menaçant ruine. Ce constat amer dont les causes sont multiples - négligence, absence d'entretien, manque de civisme, mauvaise gestion des parties communes, manque de moyens matériels, utilisation abusive de l'eau : premier ennemi du béton - inquiète les autorités concernées, lesquelles sont en train de réfléchir sérieusement à une solution susceptible de sauver Oran de la disparition. Car si tous ces quartiers venaient à disparaître, qu'en restera-t-il d'El Bahia, si ce n'est des cités dortoirs, dénués de toute politique d'aménagement urbain à l'instar de la cité USTO ? D'ailleurs, l'OPGI, qui a compris l'urgence de la situation, a créé, il y a deux ans, un département de réhabilitation du cadre bâti. Lequel département est chargé de recenser, de diagnostiquer et de réhabiliter le vieux bâti. Seul problème, le manque de ressources financières qui empêchent grandement l'aboutissement d'un tel projet. Ceci étant, une opération de réhabilitation du cadre bâti, qui touche en particulier les parties communes, est actuellement en cours. Entamé vers la fin 2004, ce projet pour lequel une enveloppe de 250 millions de dinars a été dégagée, connaît un état d'avancement de 40%. Il touche en particulier, l'étanchéité, la réfection des regards, le système d'évacuation des eaux usées, le traitement des caves etc. D'un autre côté, 71 immeubles dont 23 sur fonds propres, qui ont été réhabilités par l'office durant les années passées. Mais le plus gros reste à faire. Pour cela, tous le moyens humains et financiers doivent y être afin de préserver la capitale de l'Ouest.