Repenser le financement et la gestion du logement, vétuste en l'occurrence, est la proposition réitérée du Collège national des experts architectes (CNEA) qui interpelle une fois de plus les pouvoirs publics sur cette question cruciale. Le parc immobilier datant de l'époque coloniale représente, en effet, plus de 50% des logements, jusque-là en proie au laxisme et à la mauvaise gestion (pas de travaux d'entretien, de réfection...). Le constat est éloquent : dégradation du bâti et du cadre bâti se répercutant sur la qualité urbanistique et la qualité de vie des citoyens. La proposition du CNEA relative à l'aide personnalisée aux ménages est, souligne M. Boudaoud, président du collège, inhérente à l'inefficacité prouvée, sur le terrain, des Offices de gestion et de promotion immobilière dans le cas des cités érigées depuis l'indépendance. L'état de vétusté avancé du parc immobilier érigé pendant les périodes pré et postindépendance devrait, toujours selon le CNEA, susciter l'intérêt des pouvoirs publics, interpellés une énième fois pour agir et réagir. Abondant dans ce sens, M. Boudaoud propose de lancer, en préambule à une réflexion impliquant les principaux acteurs, à savoir les techniciens (architectes, urbanistes...), un recensement national sur l'état du patrimoine immobilier qui constitue la principale composante des grandes villes algériennes (sachant que la plupart d'entre eux ont été érigés au début du siècle dernier et que le reste a été construit entre les années 1930 et 1950 !). L'aboutissement en serait de tracer des programmes à court, moyen et long terme de rénovation, de restauration et de réhabilitation. Le séisme du 21 mai 2003 a posé pour sa part la problématique du confortement (conforter quoi ? comment ?), qui ajoute à la complexité du problème pour ce qui est de la gestion du patrimoine immobilier, notamment dans les régions touchées. Car si d'une part il est question de la préservation de ce parc et, le cas échéant, de son confortement, la survenue du séisme qui a vu l'effondrement et la démolition programmée d'un nombre important de bâtisses est non seulement révélatrice de la mauvaise gestion, elle suscite également des questionnements et des inquiétudes quant au devenir de nos villes. A ce propos, M. Boudaoud a tenu à nous faire part de la nécessité, à ses yeux, d'organiser dans les plus brefs délais une conférence de presse sur le thème générique du million de logements inscrits au programme du président de la République. « Toutes les assiettes récupérées après la démolition ou l'effondrement d'immeubles, notamment à Belcourt et à Alger-Centre, devraient être exploitées. Les constructions en hauteur ont des avantages, mais aussi des désavantages incontestés et nous, techniciens, sommes là pour en débattre. Pour cela le président de la République est on ne peut plus sollicité », conclut-il.