C'est dans une interview au quotidien arabe Echarq El Awsat que Hassan Hattab, ex-émir national du GSPC, a confirmé qu'il était en négociations avec les autorités algériennes. Il n'exige ni plus ni moins qu'une totale amnistie et pose même des conditions politiques, notamment le retour de l'ex-FIS sur la scène politique et la libération d'Ali Benhadj. Voilà donc un des chefs terroristes les plus cruels et les plus sanguinaires que le pays ait connus, à son actif des milliers de morts et de blessés, qui se met en position de victime, exigeant de l'Etat algérien des « réparations » ainsi que des « garanties » pour que lui et ses fidèles déposent les armes. On est là en plein dans la plus horrible des aberrations de la charte sur la paix et la réconciliation nationale. D'ennemi public numéro un à l'échelle nationale, recherché par toutes les polices du monde, Hassan Hattab a toutes les chances de redevenir un honorable citoyen, retrouvant l'ensemble de ses droits civiques, circulant comme bon lui semble partout dans le pays, y compris à Alger-Plage où il a commis ou commandité l'assassinat du regretté Kasdi Merbah, de son fils et de ceux qui les accompagnaient. Il pourrait même ne pas entrer dans la catégorie des terroristes exclus des largesses de la charte, ceux impliqués dans « des massacres collectifs et des attentats à l'explosif dans les lieux publics ». L'ex-chef du GSPC a piégé les autorités officielles algériennes. Celles-ci ont cruellement besoin du « gros poisson » que constitue Hassan Hattab pour « légitimer » la charte sur la paix et la réconciliation. Mais en même temps, pour ne pas le voir faire marche arrière, elles devront répondre à toutes ses exigences et satisfaire bien de ses caprices. Le chef terroriste a toutes les cartes entre ses mains. Il peut même se permettre, tant il est confiant, une apparition publique à travers une interview - réalisée en Algérie - à un journal saoudien paraissant à Londres. Il est vrai que son optimisme s'alimente des précédents de la rahma et de la concorde nationale qui, par leurs largesses - l'amnistie totale notamment - ont permis à Mustafa Kertali, Ahmed Benaïcha, Sid-Ali Benhadjar, Madani Mezrag et des centaines de leurs adjoints de couler des jours paisibles, et de temps à autre, lors de moments politiques bien ciblés, de monter au créneau et de dire qu'« ils ne regrettent rien » et que « si c'était à refaire, ils le referaient ».