Le fondateur du GSPC attendrait une fetwa d'un cheikh saoudien l'autorisant à se rendre, pour “profiter” des dispositions de la charte pour la paix. Par ailleurs, deux citoyens ont été assassinés hier par des membres du GSPC à Boumerdès. La reddition de Hassan Hattab ne dépend plus que d'une fetwa, affirment des sources bien informées. L'ex-“émir” du GSPC est depuis quelques mois en situation de trêve avec bon nombre de ses hommes, mais la phase finale, descendre des maquis, est toujours en négociation avec les autorités. Deux hommes sont chargés de cette mission. L'interlocuteur de Hattab, celui qui le rencontre en des endroits toujours tenus au plus grand secret, est lui-même ex-“émir” de l'AIS. Bouabdellah, dit cheikh Nourreddine, adjoint de Benaïcha lorsque celui-ci était “émir” à l'ouest du pays. Bouabdellah en contact régulier avec Hattab remet ensuite les comptes rendus de ses démarches à Abderzak Smaïl, président de la Commission nationale de l'amnistie générale et parallèlement du PRA. La Cnag, dans sa version actuelle, est issue de multiples bouleversements et finalement de la dissolution de la première structure qui avait été en outre totalement disqualifiée par Ahmed Ouyahia. Le chef du gouvernement, lui, avait publiquement dénié toute existence politique ou légale. Il n'empêche que Abderzak est aujourd'hui la courroie de transmission entre Bouabdellah, et donc de Hattab, et les autorités. C'est ainsi que ces dernières ont été informées de la demande d'une fetwa devant émaner obligatoirement d'un imam salafiste saoudien autorisant Hattab à dialoguer avec un régime qu'il a toujours qualifié “d'impie”. Il faut savoir que ce texte ne portera pas sur la légitimation de la reddition, mais sur la possibilité de négocier avec son ennemi d'hier dans le cadre d'un projet de paix et de réconciliation. Le GSPC a depuis ses débuts tenté de se démarquer de l'AIS jugée trop “faible”, pas assez “offensive”, et du GIA considéré comme “des voyous sanguinaires”. L'organisation que dirigeait Hattab, liée à Al-Qaïda, prétend ne combattre que l'état et ses représentants car le but étant de renverser le pouvoir “impie”. Hattab n'est donc pas intéressé par une reddition façon AIS ou GIA. Il s'agira de consentir un acte politique pour la paix selon les préceptes religieux régissant le djihad. D'ailleurs, dans l'esprit de toutes ces personnes, il ne s'agit pas de reddition puisque Hattab tient à sauvegarder sa crédibilité de chef auprès de ses hommes. La fetwa qui sera officiellement demandée à l'ambassade d'Arabie Saoudite lui permettra justement de ne pas renier, si l'on peut dire, ses convictions idéologiques et de conserver le précieux atout que représentent des centaines de terroristes prêts à rendre les armes s'ils sont convaincus par leur chef. C'est du moins la part du deal dévolu à Hattab. Bouabdellah a bon espoir de mener à bien cette opération comme il avait l'avait fait auparavant avec des ex-dirigeants du FIS à l'étranger. En préparation du référendum sur la réconciliation, il avait bénéficié d'un passeport diplomatique qui lui facilitait ses nombreux déplacements à l'étranger pour sensibiliser ses anciens camarades puisque lui-même était un responsable politique du parti dissous à l'Ouest. Confortablement installé aujourd'hui grâce aux “aides” de l'état aux repentis de l'AIS, il est très actif dans son rôle de négociateur. Reste à savoir jusqu'où peut aller l'état pour faire “descendre” Hattab des maquis. Ghania Khelifi