Quel est l'adulte qui un jour n'a pas eu un pincement au cœur en revoyant son ancien maître d'école, témoin de nos premiers mots écrits sur l'ardoise ou à la plume sergent major séchée au buvard, il a éveillé nos consciences et nourrit nos rêves d'enfant. Nul chèque en argent et nul cadeau en biens matériels ne sauraient quantifier l'apport de l'éducateur à l'épanouissement des futures adultes. Que peut lui souhaiter son ancien élève, une fois remisé dans le placard aux souvenirs sa craie, son cartable et son tablier ? Prier Dieu pour lui assurer une retraite calme et active de préférence. Cette sérénité, un des délices du troisième âge, un groupe de retraités de l'éducation ne la savoureront pas. Ils passent leurs temps à attendre la convocation du juge, ou au pire l'escouade policière. Telle est la reconnaissance dont ils on été gratifiés après une vie bien remplie au service des enfants de l'Algérie indépendante. En application d'une circulaire ministérielle, visant à récupérer les logements du secteur de l'éducation nationale injustement inoccupés, des directeurs de l'éducation ont agi sans discernement. Ils ont actionné la justice. La dernière affaire jugée par le tribunal d'Alger n'a pas satisfait l'accusation. Le juge s'est déclaré incompétent pour décider de l'expulsion de ceux... qui auraient pu être ses anciens instituteurs (ou professeurs). Cette décision a rendu l'espoir dans le regard des deux retraités appelés à la barre. Pour comprendre la genèse de ce problème, il y a lieu de préciser que ces logements de la discordes - situés à l'intérieur des établissements scolaires - sont occupés par trois catégories de personnels. Les retraités - chefs d'établissement, inspecteur ou personnel d'astreinte - qui n'ont jamais bénéficié du fameux quota des 10% de logement que chaque wilaya doit dégager au bénéfice des retraités, occupent un logement d'astreinte. Ce sont ceux-là qui revendiquent l'application juste et équitable de la circulaire d'expulsion. Ce sont pour la plupart des passionnés de leur métier. Ils n'avaient pas pris l'habitude de déserter leur établissement au profit de fréquentations intéressées (et juteuses) de kasmate, de parti ou d'organisations de masse. Ils n'ont pas versé dans l'affairisme et « la tchipa », pratiques à la mode ces deux dernières décennies. Cette minorité avait placé une confiance aveugle en l'Etat qui s'était engagé à les reloger dignement à leur départ en retraite. Promesse non tenue, les voilà assimilés à des indus occupants éligibles au statut infamant de SDF de l'éducation nationale. L'autre catégorie - les vrais indus occupants - ont déjà bénéficié des largesses de l'Etat : qui un logement et qui un lot de terrain. Certains les ont même rentabilisés aux dires des retraités pénalisés. Parmi eux, figurent des étrangers au secteur, voire des fonctionnaires, qui n'ouvrent pas droit au logement d'astreinte. Selon les dires des membres du comité de chefs d'établissement retraités de la wilaya d'Alger, l'espoir est permis de voir les autorités revenir à de meilleurs sentiments. Des contacts sont maintenus avec l'inspectrice d'Alger. Il est vrai que le dialogue reste le meilleur moyen pour débloquer une situation stressante à plus d'un titre. [email protected]