La grippe aviaire, qui ne suscite chez la population actuellement qu'une appréhension éthérée (tant que ce sont les médias étrangers qui en parlent le plus), ne dicte pas moins « vigilance » chez les services de la Direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de Béjaïa. Il n'y a pas à proprement parler, au stade actuel des choses, de dispositif d'urgence exclusivement mis en place contre le fléau. Sa prévention et son dépistage se font dans le cadre du programme de surveillance permanente existant depuis toujours souligne M. Naoui, directeur des services agricoles de la wilaya. Autrement dit, si la grippe aviaire venait à se déclarer, elle serait décelée au cours des contrôles sanitaires visant la prévention et le traitement de toutes les pathologies. Et « aucun cas » n'est signalé, tient à rassurer le DSA, qui nous apprend que des inspections quotidiennes sont conjointement menées par les vétérinaires avec les services de la DCP, la direction de la concurrence et des prix de la wilaya. Obligation de rigueur La brigade mixte « renforcée en effectifs et multipliant les sorties durant le mois de Ramadhan sur toutes les unités de production » ne fait apparemment pas dans la dentelle. Elle sévit contre tout défaut de présentation de certificat de vaccination. On chamboule, nous dit-on, même le programme d'inspection arrêté pour donner un caractère improviste à l'inspection et surprendre ainsi les contrevenants. Atitre d'exemple, rien que pour la semaine en cours, 11 volaillers ont été mis en demeure, et l'APC de Béjaïa a été saisie par la brigade mixte, l'adjoignant d'interdire la vente de poulets sur pied dans les marchés hebdomadaires. Le constat a été établi au niveau des marchés de Sidi Ahmed et de la Cifa. Campagne de sensibilisation La rigueur affichée chez l'autorité agricole est justifiée par l'importance de la production avicole dans la wilaya de Béjaïa : près de 600 établissements sont opérationnels, soit un potentiel de 890 000 sujets de ponte et 850000 de chair, conférant une production pour 2004-2005 (le bilan jusqu'au mois d'août) de l'ordre de 17 200 q en viande blanche et 103 millions d'œufs. Pour la même période, le dépistage des maladies à déclaration obligatoire fait ressortir des tendances à une salubrité optimale : pour exemple sur 3196 sujets ayant subi le test de la tuberculose, 6 cas seulement se sont avérés positifs, et sur 3138 têtes ayant fait l'objet du dépistage de la brucellose, seuls 8 sujets en sont atteints. La vulgarisation en matière de couverture sanitaire initiée par la DSA semble porter ses fruits, mais le risque que fait encourir la grippe aviaire entraîne une plus grande vigilance qui se traduira par « des agréages sanitaires de plus en plus vigoureux », tient-on à prévenir. « Il faut un travail de sensibilisation terre à terre » dira M. Naoui. Il est prévu, selon lui, que soit inclus dans les tournées d'adhésion au programme de développement rural une sensibilisation sur le risque de la grippe aviaire. Sur la hantise des pertes pour les producteurs, il sera conseillé aux producteurs de souscrire des assurances contre tout risque pour leur cheptel. Le reste de la sensibilisation sera pris en charge dans l'émission animée hebdomadairement par la DSA à radio Soummam. Le grand public sera donc informé et associé aux mesures qui seront prises. Cet optimisme est, pour M. Naoui, catalysé par l'expérience acquise par « les bons résultats du dispositif mis en place lors de la campagne de la lutte antiacridienne ». Il est à rappeler que cette expérience a été même mise à contribution pour lutter contre l'invasion des criquets dans certains pays d'Afrique. Les aviculteurs sollicités Le DSA soulignera la nécessaire collaboration de l'association des aviculteurs qui regroupe quelque 800 adhérents structurés. Le président de l'association, M. Mekhzene, nous apprendra que le travail de sensibilisation est en pleine réflexion, et « une AG est prévue dans le sens des mesures à prendre pour que le fléau soit inhibé à la source ». L'action ne devrait pas exclure les éleveurs « clandestins », dont l'activité risque de compromettre l'éfficacité des campagnes de prévention.