Ce qui devait arriver arriva, la région est confrontée à une pénurie inquiétante du précieux liquide. En effet, depuis les dernières chutes de pluie, le week-end dernier, l'Algérienne des eaux (ADE) a cessé d'approvisionner les populations locales, en particulier celles alimentées à partir du barrage de Sidi Yacoub. Selon ses responsables, ces précipitations, évaluées à 400 000 m3, ont entraîné une forte turbidité de l'eau compte tenu du faible volume emmagasiné par ledit ouvrage. « Procéder à des lâchers dans ces conditions, c'est compromettre sérieusement le fonctionnement de la station de traitement des eaux et des canalisations de distribution en raison de la forte tenue en boue de la ressource existante. Nous avons dû donc arrêter immédiatement leur utilisation et aviser les consommateurs de cette situation. Nous devons attendre la décantation de l'eau avant de rétablir progressivement l'approvisionnement », indique le directeur de l'unité de l'ADE de Chlef, M. Messaoudène. Sur les mesures prises dans l'immédiat, il nous apprend que douze camions-citernes ont été mobilisés pour approvisionner les quartiers de la commune de Chlef. La pénurie d'eau touche également cinq autres communes, dont la ville côtière de Ténès qui est raccordée à cet ouvrage depuis avril dernier. La situation de ce dernier n'a cessé en fait d'empirer depuis le mois de mars dernier où, malgré les fortes chutes de pluie, les apports enregistrés étaient jugés assez insignifiants. La sécheresse qui persiste depuis plusieurs mois n'a fait qu'aggraver l'état des lieux. En effet, selon les dernières informations, le barrage en question, inauguré en 1986, ne contient que 13 millions de mètres cubes, soit un volume nettement inférieur à sa capacité de stockage qui est de l'ordre de 280 millions de mètres cubes. Le même problème est vécu par le second barrage situé à Oued Fodda, qui n'est plus exploité pour les mêmes motifs. D'une capacité de 106 millions de mètres cubes, celui-ci n'emmagasinait que cinq millions de mètres cubes qui n'ont servi que pour une seule séance d'irrigation avant la fermeture définitive des vannes. Les fellahs ont dû se rabattre sur les forages privés existants pour sauver leurs cultures et le potentiel arboricole important constitué en grande partie d'agrumes. Pour en savoir plus sur la question, nous avons tenté de prendre attache avec les autres responsables concernés, malheureusement ces dernières étaient injoignables hier. A l'ANB, on nous fait savoir que le chef d'agence de Chlef est en « mission » et que l'agent en place « n'est pas habilité à communiquer des informations à la presse ». En revanche, le directeur de l'hydraulique de la wilaya était, selon sa secrétaire, « en séance de travail ». Le wali de Chlef avait abordé le sujet lors de la rencontre animée lundi dernier par le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication avec les travailleurs du secteur et des représentants du mouvement associatif. « Nous avons tout fait pour améliorer la situation dans ce domaine, mais il y a des choses qui relèvent de la nature et auxquelles nous ne pouvons, malheureusement, rien », avait-il indiqué à un citoyen qui avait soulevé le problème crucial de l'eau dan la région. Toujours est-il que la situation est alarmante et nécessite une intervention urgente des pouvoirs publics pour éviter la réédition de la catastrophe vécue par la capitale en 2003. Pour l'heure, aucune mesure d'urgence n'a été prise pour pallier le manque de ressources au niveau des deux barrages de la wilaya. Le plan Orsec n'a pas été déclenché et les élus comme les responsables en charge du dossier ne semblent guère se soucier de la gravité du problème. Sinon comment expliquer l'absence de toute disposition visant à économiser l'eau, la préserver et la répartir équitablement ? Il n'y a pas eu non plus de réquisitions de la flotte disponible ni des forages existants (on en dénombre 252 à Chlef) pour alléger les souffrances des citoyens privés d'eau. Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, qui était ces derniers temps dans les wilayas proches d'Aïn Defla et de Médéa pour une visite de travail, n'est toujours pas annoncé dans la wilaya. Pour beaucoup, la solution à engager dans l'immédiat, en attendant les prochaines pluies, réside dans la remise en service de l'ancien réseau de distribution à partir des forages publics situés sur la plaine du Cheliff. Il faut signaler que ces derniers alimentaient tout le chef-lieu de wilaya depuis l'indépendance. Ils ont été abandonnés après la mise en exploitation du barrage de Sidi Yacoub en 2000.