Contrairement à ce que l'on peut penser, les chutes de pluies enregistrées durant l'hiver n'ont pas eu d'effet positif sur le niveau des deux barrages hydrauliques que compte la wilaya de Chlef. Il n'y a pas eu assez d'apports sur les bassins versants des deux ouvrages, selon les services de l'hydraulique. Si l'on se réfère aux dernières estimations officielles, la première infrastructure située à Oued Fodda, d'une capacité de stockage de 106 millions de mètres cubes, ne dispose que d'une quantité de 03 millions de mètres cubes alors que celle de Sidi Yacoub n'en contient que 23 millions sur un total de 280 millions m3. Ce qui est valable pour Chlef l'est aussi pour les wilayas d'Aïn Defla, Relizane et Tiaret car, d'après l'agence du bassin hydrographique du Cheliff Zahrez, les neufs barrages que compte la région n'emmagasinent actuellement que 20% de leur capacité, soit 282 millions de mètres cubes. Six d'entre eux, ajoute-t-on, sont utilisés aussi bien pour l'irrigation que pour l'alimentation en eau potable des populations locales. Rappelons que l'agence en question dont le siège est à Chlef, est un organe de planification, d'études, de proposition et de concertation pour l'ensemble du bassin hydrographique qui comprend treize wilayas. La situation est tellement grave que les autorités concernées ont dû interdire l'irrigation à partir des deux barrages. Une situation inquiétante En effet, l'opération qui devait débuter en mai dernier est toujours suspendue, obligeant certains fellahs à recourir aux forages. Le reste, soit 60 irrigants, attend toujours l'autorisation des pouvoirs publics pour entamer les travaux de réalisation de leurs puits. Les autorités temporisent car elles craignent, dit-on, une surexploitation de la nappe phréatique et ses conséquences négatives sur l'AEP. Signalons que le périmètre irrigué comprend 5 000 hectares d'arbres fruitiers situés sur la plaine du Cheliff dont une grande partie était irriguée à partir du barrage d'Oued Fodda qui est presque à sec. Pour l'heure, aucune mesure d'urgence concernant ce volet n'a été annoncée par les pouvoirs publics. A croire que le danger n'est pas a nos portes... Les quantités d'eau existantes sont, nous dit-on, réservés à l'AEP de la commune de Chlef et de la partie nord de la wilaya. Rappelons que depuis avril dernier, le barrage de Sidi Yacoub approvisionne également et en plus des communes les communes de Chettia, Ouled Fares et Bouzeghaia, la ville côtière de Ténès et les localités de Sidi Akkacha, Abou El Hassen et Talassa. Le projet met fin ainsi à plusieurs années de pénurie persistante du précieux liquide dans la région et contribuera, sans doute, à la relance du développement local, notamment le tourisme et l'amélioration des conditions de vie. Du coté de l'unité de l'Algérienne des eaux de la wilaya, la situation ne semble susciter aucune inquiétude pour le moment. Son premier responsable, M. Messaoudene, assure qu'il n'y aura pas de restrictions sévères en matière de distribution de l'eau durant l'été. « Au pire des cas, nous allons servir les usagers un jour sur deux. Nous sommes entrain de régulariser la distribution qui connaît des déséquilibres par endroits. Cela devrait nous permettre d'améliorer sensiblement l'approvisionnement des populations surtout après le renforcement du réseau par une dotation de 600 litres/seconde au lieu de 450 précédemment » dira-t-il. En tout cas, la sécheresse qui affecte la région ne suscite pas encore les réflexes attendus ou pour être plus précis, une mobilisation générale pour bien gérer la ressource, la préserver et la repartir équitablement.