Quelques millimètres de pluie pré-automnales et nos rues, ruelles et trottoirs – là où il en existe – sont vite transformés en marécages, rendant la circulation automobile et piétonne des plus problématiques. Encore une fois, plusieurs régions du pays ont été surprises, hier, par les caprices de la météo que l'on n'attendait pas en pareille période de l'été finissant, où le mercure réserve encore traditionnellement de belles journées chaudes et ensoleillées. Les Algérois et les habitants d'autres villes du pays abondamment arrosées durant ces dernières 48 heures se sont réveillés avec les mêmes scènes d'anarchie : routes bloquées et inondées, alluvions de boue et de gravats alimentés par les chantiers en cours ou abandonnés, échappant à tout contrôle, obstruant les chaussées et les avaloirs. Une situation qui n'est pas sans conséquence sur le quotidien des citoyens : retard sur les lieux de travail, coupures d'électricité qui s'étalent parfois sur plusieurs heures, comme dans certains quartiers de la périphérie d'Alger qui ont eu à en faire les frais, hier, avec tous les désagréments causés aux ménages (avaries des produits alimentaires placés au frais, détérioration des appareils électroniques et électroménagers…), tension sur certains produits de consommation, notamment le pain… Qui faut-il incriminer, la nature ou l'homme ? On peut, à la limite, comprendre et accorder des circonstances atténuantes aux pouvoirs publics lorsqu'il s'agit de catastrophes naturelles contre lesquelles le génie humain n'y peut pas grand-chose comme on le constate, y compris dans les pays développés qui n'échappent pas aux lois implacables de la nature et à la furie dévastatrice des eaux en dépit de toutes les précautions prises. Mais que quelques gouttes de pluie, qu'un orage d'été se transforment en cauchemar provoquant un sentiment de peur, voire de panique auprès des citoyens est proprement inadmissible. Il ne suffit pourtant pas de sortir de grandes écoles de polytechnique pour savoir que l'arrivée des premières pluies automnales se prépare plusieurs mois à l'avance avec les opérations classiques de curage des avaloirs, de ramassage des gravats et autres objets pouvant encombrer les chaussées et obstruer les regards et les égouts. Ceci en plus du confortement des bassins versants pour empêcher les effets de l'érosion et les coulées de boue. Le respect des normes de construction en réprimant notamment sévèrement les constructions anarchiques bâties au mépris des règles urbanistiques, sur des terrains non constructibles comme les lits d'oued doit être un combat de tous les jours. L'expérience a montré que lorsque l'on prend les problèmes à bras-le-corps, il est possible, sinon de dompter la nature, du moins d'en atténuer considérablement ses effets dévastateurs. Depuis les aménagements des voiries et des systèmes d'écoulement des eaux de pluie en amont du quartier de Bab El Oued, à Alger, tout au long de l'axe routier du Beau Fraisier, les habitants de ce populeux quartier qui gardent encore frais, dans leur mémoire, les drames des inondations qui avaient endeuillé ses habitants, appréhendent désormais l'arrivée de l'hiver avec plus de sérénité. Bien souvent, il s'agit de petits remèdes, de gestes simples et pas coûteux du tout pour les finances de la commune et la collectivité, mais qui peuvent sauver des vies humaines et contribuer à la préservation de la qualité de la vie dans la cité. L'entretien permanent des routes et la réhabilitation du travail de cantonnier de quartier sont autant de tâches auxquelles les autorités locales doivent accorder l'importance qu'elles méritent, compte tenu de l'expansion de la ville sur tous les plans : urbanistique, économique et humaine.