Chaleur humaine, traditions, solidarité et animation, tels sont les maîtres mots qualifiant le mois du Ramadhan au Maroc, plus précisément à Casablanca. Coïncidant avec la saison estivale, les vacances et les congés annuels, le mois du Ramadhan, aoûtien cette année, rime tantôt avec nonchalance, tantôt avec fébrilité, la journée, et piété, farniente et ambiance ramadhanesque, le soir. Le mois du Ramadhan est sacré et consacré. Une atmosphère caractéristique. Un rite et un rituel. Des odeurs, des effluves et autres couleurs «olfactives». Fatima-Zohra, directrice d'une boîte de communication, à Casablanca, comme toute femme marocaine attachée aux traditions de son pays, tient à accomplir tout le rituel du mois sacré du Ramadhan. Les horaires étant différents durant ce mois, elle commence ses courses dès 15h pour s'imprégner de l'ambiance qui règne dans les différents souks casablancais. Même si son emploi du temps est trop chargé, elle veille à faire elle-même ses courses. Les Marocains, étant friands de poisson en toute saison, s'en donnent à cœur joie pendant ce mois particulier. Aussi, Fatima-Zohra ne déroge guère à cette règle et se rend au moins deux fois par semaine au marché central, situé en plein centre de Casablanca. Les étalages des poissonniers, plus fournis que d'ordinaire, sont une tentation pour tout consommateur. Merlans, soles, saint-pierre, crevettes, sardines ou encore dorades sont achalandés de telle manière qu'il est difficile de résister à en acheter. Une balade du côté réservé aux fruits et légumes s'impose. «Les odeurs, les couleurs deviennent plus intenses quand on a le ventre vide ! Souvent, je me trouve devant l'embarras du choix tant l'offre est d'une richesse extrême. Vu que le Ramadhan est placé sous le signe de la solidarité et de la générosité, je ne peux faire mes achats sans penser à ceux qui sont dans la nécessité, ce qui me pousse à partager mon panier avec eux. Je suis sûre que je ne suis pas la seule à agir ainsi, tous les Marocains font preuve de solidarité durant ce mois», indiquera Fatima-Zohra. Les confiseurs du quartier Habbous Toujours dans sa narration du Ramadhan à Casablanca, Fatima-Zohra poursuivra : «Après ce parcours, je me dirige vers le quartier mythique des Habbous où se trouvent les spécialistes de la pâtisserie marocaine qui constitue l'essentiel du f'tour. La chabakia, préparée à base de farine, de miel, d'amandes et de graines de sésame, reste incontournable. Les crêpes à la marocaine qui sont très variées : sucrées, salées, au khliê… (baghrir, mesmen), les dattes, les figues sèches, les noix, selou (pâte d'amandes sucrée) complètent l'ossature du f'tour. Une fois à la maison, je veille à la préparation de la harira (chorba marocaine) qui demeure l'élément principal durant le Ramadhan. Après le f'tour, commence la vie nocturne. Souvent je rends visite à ma famille en compagnie de mon mari et de mes enfants. Il faut dire que les rues sont animées, les cafés ne désemplissent pas jusque tard dans la nuit. Les Marocains aiment profiter de la nuit avant le commencement d'une nouvelle journée de jeûne.» Pour Mounia Kettani, journaliste dans un magazine économique à Casablanca, le Ramadhan est sans conteste le mois qui change le mode de vie et marque le quotidien des Marocains, à l'instar des autres pays musulmans. C'est un moment sacré, propice aux retrouvailles familiales autour du repas du f'tour ou du s'hour. Elle constate qu'au cours de la journée, le rythme de vie est au ralenti. Mais le soir, surtout que le Ramadhan coïncide avec l'été ces dernières années, l'ambiance monte en cadence. Les femmes arborent des tenues traditionnelles comme la «jellaba» (tunique traditionnelle marocaine), qu'elles prennent le soin de confectionner chez la couturière au préalable. «A partir de 15h , la circulation devient presque une mission impossible : embouteillages, énervement… Le manque de caféine et de nicotine auxquelles sont habitués les jeûneurs génère des conflits et des tensions. Les nerfs sont à fleur de peau et les visages crispés surtout avant la rupture du jeûne. Juste avant el adhan (l'appel du muezzin pour la rupture du jeûne) les rues se vident très rapidement. Circulez, il n'y a rien à voir ! Contrairement aux autres mois, il y a sûrement lieu de se réjouir lorsqu'on voit le nombre impressionnant de croyants prenant d'assaut les mosquées, surtout après le f'tour pour la prière des tarawih…Le Ramadhan, c'est aussi une source de joie et de plaisir. Le soir, l'ambiance est festive. Les cafés sont bondés essentiellement de familles. Les boîtes de nuit et les cabarets sont très fréquentés. Une animation nocturne jusqu'à 4h du matin», soulignera Mounia Kettani.