La décision de la cour d'appel de Paris d'accorder un «non-lieu» à Mohamed Ziane Hasseni, directeur de protocole au ministère des Affaires étrangères, mis en cause dans l'enquête sur l'assassinat de l'opposant algérien Ali Mecili, sonne tel un soulagement pour les autorités françaises. Dans sa première réaction, le Quai d'Orsay a considéré l'abandon des poursuites contre Hasseni comme un «développement positif pour nos relations bilatérales». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français, Bernard Valéro, a déclaré, hier, lors de son point de presse hebdomadaire, que «le prononcé de cette décision de la cour d'appel de Paris apporte un développement positif pour nos relations bilatérales, dont notre volonté est bien d'en poursuivre l'approfondissement et le développement». Une déclaration qui révèle à quel point «l'affaire Hasseni» a lourdement pesé sur les relations entre Alger et Paris. Les deux pays ont traversé, du moins en apparence, une phase de glaciation. Le ministère algérien des Affaires étrangères avait convoqué, début avril, l'ambassadeur de France à Alger pour lui faire part «de la grande surprise et de la profonde préoccupation» d'Alger à la suite d'un refus des juges français d'accorder le non-lieu au diplomate. Si pour les autorités françaises «l'affaire Hasseni» relevait exclusivement du domaine de la justice, cela n'a pas empêché qu'elle prenne une tournure politique sur fond d'une «crise» diplomatique entre les deux pays. Le rapport de la visite d'Etat de Bouteflika à Paris et le refus des autorités algériennes de recevoir des ministres français sont, en partie, liés à ce litige. Maintenant que Hasseni est blanchi par la justice française, reste la vraie affaire, celle de faire toute la lumière sur l'assassinat de l'opposant algérien Ali Mecili, le 7 avril 1987 à Paris. Un crime qui demeure impuni depuis 23 ans. Une impunité qui semble, du moins jusque-là, arranger les autorités françaises et algériennes de l'époque dont l'implication n'a jamais été démentie. Il faut dire que dans l'affaire Mecili, la raison d'Etat la dispute à la justice. Le leader de FFS, Hocine Aït Ahmed dont Mecili était le bras droit, a, depuis le crime commis contre l'avocat, dénoncé le «pacte Paris-Alger où les intérêts économiques bien compris sont échangés contre l'impunité politique». Pour lui, «l'impunité accordée par les autorités françaises à l'assassin puis au commanditaire présumé de l'assassinat de Ali Mecili, opposant algérien, militant des droits de l'homme et cadre du FFS, ne se dément pas». Les vœux du porte-parole du Quai d'Orsay qui a déclaré, hier, que son pays «attend que toute la lumière soit faite sur l'assassinat de M. Mecili afin que ce crime ne reste pas impuni», suffiront-ils pour démontrer le contraire ?