La situation du théâtre algérien a été au centre des débats dans la soirée de jeudi autour d'une table ronde organisée par la direction de l'Ecole de management IDRH de Canastel dans le cadre des veillées ramadhanesques. Cette rencontre qui a vu la participation d'une centaine de personnes, des cadres d'entreprises, des artistes connus, des journalistes et des invités, a été animée par quatre spécialistes de l'art théâtral, parmi eux le dramaturge et romancier Bouziane Ben Achour, le directeur du Théâtre régional d'Oran, Azri Ghaouti, le professeur d'arts dramatiques, Mansouri Lakhdar et Djamel Bensaber, le commissaire du festival du Théâtre amateur de Mostaganem. Dans leurs interventions, les animateurs de cette riche table ronde ont fait un large tour de la question théâtrale, insistant particulièrement sur les nouvelles expériences théâtrales qui sont menées, notamment dans des villes de l'intérieur qui n'étaient spécialement pas portées sur l'expression dramatique. L'émergence de nouveaux talents et la présence à côté des théâtres institutionnels, de jeunes compagnies théâtrales ont été évoquées. Dans son large panorama autour de l'évolution de l'art dramatique dans notre pays, Bouziane Ben Achour, en homme averti de tout ce qui touche les frémissements du quatrième art, a surtout parlé des nouvelles sensibilités esthétiques et philosophiques qui se manifestent à l'intérieur du mouvement théâtral ces dix dernières années. Il a, par ailleurs, essayé de trouver le lien entre le théâtre qui se pratique aujourd'hui et celui animé par les aînés, notamment ceux et celles qui prendront le relais dans les années 60 et 70. Il a aussi donné quelques noms de jeunes auteurs, metteurs en scène et interprètes qui occupent le devant de la scène avec «leurs nouvelles façons de faire le théâtre». Dans une communication très pertinente, Azri Ghaouti, directeur du TRO, a évoqué le rôle du public — ou des publics — dans la représentation théâtrale et insisté sur la place du guichet et de la vente des billets, deux indices qui pourraient, selon l'intervenant, renseigner sur le degré d'adhésion à l'art qui se pratique en Algérie : «C'est l'achat à grande échelle du billet pour assister au spectacle qui peut nous renseigner sur la place qu'on occupe, nous, artistes et praticiens du théâtre en société». Mostaganem fait école Pour leur part, MM. Mansouri et Bensaber ont abordé, chacun dans son domaine spécifique, la formation ainsi que l'organisation annuelle du Festival du théâtre amateur de Mostaganem, qui, depuis sa création en 1967, a vu défiler des centaines de troupes amateurs venues de tous les coins d'Algérie. D'ailleurs, à ce sujet, un intervenant au débat d'une haute tenue culturelle nous apprendra que l'essentiel de l'armature artistique des théâtres d'Etat vient, justement, de ce théâtre amateur qui ne cesse d'étonner quoi qu'en disent les plus sceptiques. Ceux qui parlent plus de théâtre qu'ils ne le pratiquent. Pour ce qui est de la formation proprement dite, l'on saura, lors de cette soirée, de la bouche de Mansouri Lakhdar, que c'est l'université d'Oran qui a eu le privilège d'ouvrir le premier département de théâtre en 1987 grâce, notamment, à l'abnégation de quelques enseignants universitaires, des défunts Abdelkader Alloula et Djellid M'hamed, enseignant en sociologie. D'autres départements ont vu le jour ces dernières années, apprend-on de la bouche d'enseignants universitaires. Pour finir, saluons chapeau bien bas M. Bahloul, directeur de l'IDRH et, surtout, initiateur enthousiaste de cette enrichissante rencontre autour de l'art des planches.