Plusieurs personnes, des adultes et même des enfants scolarisés, dont des mineurs, ont été arrêtées suite aux émeutes qui ont secoué dimanche dernier la ville d'El Attaf, à 40 km à l'ouest de Aïn Defla, avons-nous appris hier sur place. Les mis en cause, au nombre de 80 selon des informations non confirmées, étaient encore détenus hier dans les locaux de la police et seront déférés incessamment devant la justice, indique une source crédible. Selon la même source, la police poursuivait ses recherches pour arrêter d'autres personnes qu'elle soupçonne d'avoir pris part à cette manifestation qui fait suite, rappelons-le, au mouvement de protestation organisé par des citoyens de plusieurs douars pour dénoncer la non-prise en charge de leurs dossiers relatifs au versement de la prime de scolarité de 2000 DA. La contestation de la journée a tourné à l'émeute en fin d'après-midi, occasionnant des dégâts matériels à des édifices publics et des véhicules. Les vitres de plusieurs structures, dont les banques CPA et BADR, les sièges de l'APC et de la daïra et des établissements scolaires, ont ainsi volé en éclats suite aux jets de pierres des protestataires. Des lampadaires implantés le long des artères ont subi le même sort, de même qu'un véhicule stationné devant le tribunal a été calciné. Cependant, aucune administration publique n'a été incendiée ou pillée par les manifestants qui ont été dispersés quelques instants après par les brigades antiémeutes dépêchées de Chlef. La circulation a pu être rétablie vers 18 h, après le dégagement de la voie qui relie les deux grandes villes Alger et Oran. Celle-ci, pour rappel, est restée bloquée pendant la journée de dimanche et les passagers ont dû emprunter une déviation pour contourner la ville. Hier vers 8 h, des ouvriers de la commune s'affairaient à nettoyer les rues et à ramasser les cailloux et les débris de vitres jonchant le sol. Les habitants de la commune se ruaient sur les kiosques pour acheter leurs quotidiens qui rapportaient les incidents dans leur édition du jour. Certains déclarent légitimes les revendications des protestataires, d'autres ne se sont pas prononcés sur le sujet. Mais pour beaucoup, ces événements ne sont que le résultat du ras-le-bol des populations confrontées sans cesse à une dégradation continue de leurs conditions. Les manifestants sont venus, en effet, de la commune d'El Attaf et de douars environnants. Ils ont tenu à exprimer leur mécontentement après avoir frappé, selon leurs dires, à toutes les portes, sans résultat. « Outre le retard dans le versement des 2000 DA, beaucoup d'enfants démunis ont été carrément éliminés, sans raison, des listes des bénéficiaires établies conjointement par les chefs d'établissements scolaires et les services de la daïra », affirment des chefs de famille rencontrés sur les lieux. Malgré nos tentatives, nous n'avons pas pu malheureusement avoir la version du chef de la daïra d'El Attaf, dont les services sont mis en cause par les citoyens concernés. Celui-ci n'a pas daigné nous recevoir, prétextant un « emploi du temps chargé ». Une manière de fuir les journalistes qui ne cherchent pourtant qu'à relater avec objectivité de tels faits graves Pour l'heure, aucune décision n'a été prise par les autorités de la wilaya concernant les réclamations des postulants à l'indemnité en question.