Le visage de la rue Kerkri a complètement changé hier. Les riverains ont dû constater dès la première heure le calme qui vient remplacer le brouhaha et les bruits insoutenables émis par les dizaines de bus domiciliés à la station. Dans ce nouveau décor, quelques passants affichaient des expressions interrogatives. Un groupe de veilles femmes, ignorant la nouvelle, se lassaient orienter par un jeune homme. « Descendez sur la rue Bardo et vous trouverez les bus, ils ont été transférés là-bas. » En effet, la station Kerkri n'existe plus depuis hier. Sur ordre du wali et en collaboration avec l'APW, l'APC et la direction du transport, la station est fermée enfin pour cause du glissement de terrain. Les plaintes des habitants des immeubles, les alarmes tirées par la presse et les efforts de quelques responsables ont fini par donner leurs fruits, et ce, en dépit de la résistance des transporteurs. Il a fallu attendre l'arrivée d'un nouveau wali pour prendre le taureau par les cornes et s'en est fait face aux barons du transport public à Constantine dénoncés pour la énième fois lors d'une récente rencontre avec M. Boudiaf qui a ordonné, en outre, l'éviction de deux cadres du secteur, impliqués pour mauvaise gestion et plus. Kerkri devait être évacuée depuis fort longtemps à cause des dangers réels du terrain. Les glissements de terrain sont visibles à l'œil nu et l'éclatement des canalisations des eaux usées est devenu quasi quotidien. Après l'évacuation, les services de la commune devront prendre en charge la réhabilitation de la rue, alors que l'OPGI va s'occuper des immeubles. Toutefois, les usagers qui ont cherché à rejoindre la nouvelles station sise désormais à la place de l'ancienne caserne de Bardo ont eu hier la désagréable surprise de se retrouver sur un terrain vide. Point de bus ni de taxi et pour cause, les transporteurs concernés ont tous répondu au mot d'ordre de la grève pour exprimer leur refus de la décision du wali. Il fallait s'attendre à une telle réaction et ce n'est pas terminé. Les dessertes sur les quartiers Est de la ville étaient sérieusement perturbées hier et des milliers d'usagers (environ 30 000 concernés par ces lignes) avaient du mal à trouver des solutions pour se déplacer. Les autorités doivent tenir tête à cet affront, mais elles doivent surtout trouver des solutions pour permettre à la population de se déplacer sans peine avant que celle-ci ne change d'avis et suspend son adhésion au projet de fermeture de Kerkri.