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Le Saint Coran, Voltaire et Albert Camus
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Publié dans El Watan le 05 - 09 - 2010

Si la critique n'est pas fondée, elle devient vite de la calomnie et son auteur petit, ridicule et mesquin. Mais pour échapper à cette ignominie, il faut critiquer toujours à bon escient et ne jamais céder à son cœur, surtout lorsqu'il s'agit de valeurs et surtout lorsqu'elle vient d'hommes de valeur.
Avant de s'adonner à la critique, le critique honnête se doit de connaître à fond son sujet ; autrement, mieux vaut s'abstenir : il y gagnera sûrement en estime et en dignité.
Les ennemis de l'Islam critiquent l'Islam sans le connaître, sans même faire le moindre effort de le connaître ou de le comprendre.
L'adage ne dit-il pas : «La critique est aisée et l'art est difficile !» Quand cela vient de gens médiocres et obscurs comme nous en avons connus tout récemment, cela fait sourire, mais quand il s'agit d'un Voltaire ou d'un Camus, cela mérite réflexion. Voltaire est connu pour son sarcasme. Il aimait ridiculiser son prochain, il s'en était pris à Mohamed (QSSSL) lorsqu'il avait appris que celui-ci avait fait l'ascension.
Il avait dit : «Est-ce sur une bourrique qu'ila fait l'ascension ?» (1) Cette réflexion avait été faite par méchanceté, mais surtout par ignorance. Au XVIII e siècle, l'époque où Voltaire a vécu, il n'y avait pas encore d'engins qui volent : pas d'avions et encore moins de vaisseaux spatiaux. Pour l'auteur de cette réflexion, il était absolument impossible de s'élever de terre ; de là à imaginer que le ciel, deux siècles plus tard, connaîtrait des engins volants, voilà ce que le génie d'un Voltaire était incapable d'imaginer. Pourtant, dans le Coran, un verset explicite sur cette évolution est prévu. Il aurait seulement fallu le lire et le comprendre pour éviter de dire pareille sottise. Mais par orgueil et mépris, Voltaire n'aurait jamais accepté de lire le Coran dont l'auteur, à ses yeux, n'est autre que «ce fanatique du désert.» Si de tels progrès ont pu être faits par l'homme en aviation et dans d'autres domaines technologiques, que dire alors de Dieu omnipotent et omniscient ; et à ce propos, au VIIe siècle déjà, lors de la révélation du Coran, bien avant donc le XVIIIe siècle et la naissance de Voltaire, le Coran prévoyait ce progrès : en voici le verset : «Ô peuple de djinns et d'hommes ! Si vous pouvez sortir du domaine des cieux et de la terre, alors faites-le. Mais vous ne pourrez en sortir qu'à l'aide d'un pouvoir (illimité).» Sourate 55 ; verset 33.
De nos jours, si Voltaire connaissait ce verset ou ce pouvoir illimité dont parle Dieu, il ne se serait jamais permis une telle incartade. Ce que nous avons dit de Voltaire est valable pour Camus : c'est par ignorance, ironie et mépris qu'il écrit : «Marcel était préoccupé à déchirer son pain. Il empêcha sa femme de boire de l'eau.» Elle n'est pas bouillie. Prend du vin (. ..). Et puis, il y avait du porc au menu. «Le Coran l'interdit. Le Coran ne sait pas que le porc bien cuit ne donne pas de maladies.(C'est nous qui soulignons). Nous autres, nous savons faire la cuisine. A quoi penses-tu ?». Janine ne pensait à rien, ou peut-être à cette victoire de cuisiniers sur les prophètes ? En s'arrêtant à cette tirade, on s'aperçoit que Camus rabaisse les prophètes, en l'occurrence celui de l'Islam, puisque c'est de lui qu'il s'agit ici, bien au-dessous des cuisiniers ; mais pire encore, il s'en prend, toute honte bue, sans égard aux millions d'adeptes de l'Islam, au Coran !
Pour lui, il est clair que le Coran n'est pas divin ; autrement, comment expliquer qu'à ses yeux, Dieu, omnipotent et omniscient, ne soit pas en mesure de prévoir une telle lacune ; et pour tout dire, on s'aperçoit que Camus aurait pu se passer d'une telle tirade puisqu'elle est mal à propos dans la bouche de Marcel ; mais au contraire, c'est une occasion en or, pour lui, d'en parler même si cette tirade vient comme un cheveu sur la soupe : il ne pouvait pas ne pas céder à la démangeaison d'en parler et à son mépris pour l'Islam. Mais qu'en est-il au juste de l'interdiction de la viande du porc par le Coran ? Il est bien connu que le porc contient des vers parasites ; mais il est vrai aussi qu'une longue cuisson tue ces vers parasites. Cela est bien connu des musulmans depuis fort longtemps. Est-il nécessaire de rappeler ici, aux lecteurs, que l'illustre médecin arabe Averrhoes a vécu au XIIe siècle ? Et que Camus ne vienne pas nous dire que les Arabes n'ont pas de savants ! Mais la vraie raison de l'interdiction du porc est ailleurs.
Des études médicales sérieuses datant du XXe siècle seulement ont prouvé que «la constitution anatomique et biologique du porc est très proche des humains ; que la taille des organes internes du porc est la même que celle des humains ; que leur fonctionnement est le même que ceux des humains ; que la peau du cochon est très proche de celle des humains» ; en un mot, que le porc est l'animal le plus proche de nous ! Cette ressemblance entre le porc et nous constituerait plutôt la vraie raison de l'interdiction de la viande du porc : elle est morale que sanitaire ; que consommer des organes semblables aux nôtres c'est tomber à l'anthropophagie et que c'est un cas de conscience que d'avoir dans son assiette un plat de viande porcine. Enfin, dans les deux cas ci-dessus, celui de Voltaire et celui de Camus, la science est en étroite relation avec le Coran : elle le corrobore. Rien d'étonnant à cela : la science est à Dieu, le Coran est sa parole ; les deux convergent et se confondent. Sans leur connaissance, il est inutile de fronder ; or, ni Voltaire ni Camus, nos deux frondeurs, ne les connaissaient.

A. Camus in : L'exil et le royaume /p 20, Ed : Gallimard.


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