Dans le nouveau site d'habitation de Birtouta, à une dizaine de mètres de la localité d'Ouled Mendil, les habitants «autochtones» ont affiché beaucoup de méfiance vis-à-vis de leurs nouveaux voisins. Le risque de nouveaux affrontements entre familles recasées et habitants originaires des communes et localités d'accueil reste persistant. Et pour cause, la wilaya a tout prévu pour réussir les opérations de relogement sauf le point relatif à l'intégration des habitants. Les incidents qu'avaient connus les quartiers de Birkhadem, Tassala El Merdja, ou dernièrement Souidania ont démontré que les services de la wilaya d'Alger ont manqué de discernement en reléguant en arrière plan l'étude des spécificités de chaque localité avant d'y reloger des centaines de nouveaux habitants. A Tassala El Merdja, la principale cause de la non-acceptation des familles nouvellement débarquées est le sentiment de «frustration» ressentis par les résidants des habitations précaires qui attendaient d'être relogés depuis des années. En fait, dans plusieurs municipalités de la capitale, les habitants des bidonvilles limitrophes aux chantiers de bâtiment ont toujours cru que les logements en construction leur sont destinés. Aussi, la non-préparation des familles originaires de ces communes à vivre avec des centaines d'étrangers, débarqués brusquement, est pour beaucoup. Dans le nouveau site de Birtouta, à une dizaine de mètres de la localité d'Ouled Mendil, relevant de la commune de Douéra, les habitants ont affiché, au début de l'opération de relogement, beaucoup de méfiance vis-à-visde leurs nouveaux voisins. «Ce n'est pas leur présence physique qui nous dérange, mais ses conséquences sur notre quotidien», nous confie un habitant. Il explique que cette localité manque de transport (desservie uniquement par trois bus), ne dispose pas de suffisamment de commerces et enregistre un déficit en infrastructures éducatives et sportives. «En y ramenant des milliers de nouveaux résidants, c'est toute notre vie qui sera chamboulée», soutient notre interlocuteur. En notre présence, un recasé venu de la commune de Oued Koreïch tentait de rassurer un originaire d'Ouled Mendil qui affichait ouvertement son appréhension. «Nous sommes tous des fils de famille, ne craignez rien…», lui lançait le recasé, père de famille. Toutefois, certains dépassements et incompréhensions ont été enregistrés de part et d'autre et des raisons, parfois, insignifiantes ont provoqué des affrontements entre jeunes. Au site Djenane Sfari à Birkhadem, de violents affrontements ont éclaté pour la simple raison, qu'un jeune de Diar Echems a provoqué une fille de la commune de Birkhadem. A Souidania, c'est une bagarre entre adolescents qui a mis le feu aux poudres. Des incidents pareils ont été enregistrés à Tessala El Merdja. Dans tous les cas, les habitants originaires étaient sur leurs gardes et les recasés, de leur côté, n'hésitaient pas à s'afficher et démontrer qu'ils sont des résidants à part entière. Ce qui prouve davantage que rien n'a été entrepris par les autorités publiques afin d'éviter ces situations, qu'un minimum d'encadrement et d'accompagnement aurait pu éviter. Le comble, c'est que pour les opérations à venir, les autorités de la capitale ne semblent rien prévoir pour faire en sorte que les malentendus et les dérapages soient étouffés dans l'œuf. Il est à noter que la police a décidé, à la vue des problèmes suscités, des «comités de réconciliation» regroupant les sages représentants des quartiers, afin d'impliquer davantage les habitants dans le maintien de leur sécurité. Cette manière de faire a été critiquée par la population qui y voit une manière de rejeter la responsabilité du maintien de l'ordre sur la population.