Les experts de la FAO souhaitent que les responsables des pays du Maghreb prennent au sérieux la dernière alerte lancée par les services vétérinaires de l'agence onusienne et nous confient qu'il est « scientifiquement infondé et dangereux » d'affirmer qu'un pays est à l'abri de la grippe aviaire. Les responsables de la FAO auxquels nous avions posé, il y a plus d'une semaine, la question de savoir si l'Algérie et les autres pays d'Afrique du Nord étaient menacés par la contamination par le virus H5N1, nous avaient répondu par l'affirmative, comme nous l'avions écrit dans les éditions précédentes d'El Watan. Cet état d'alarme n'a pas baissé d'un iota, bien au contraire, d'après ce que les experts de la FAO nous ont expliqué, hier, le délai de la transmission de l'épizootie vers le Maghreb pourrait être plus rapide que prévu, vu l'apparition de cas de grippe aviaire dans des pays proches comme la Croatie ou récemment la Grande-Bretagne. Les recommandations d'observer une extrême vigilance afin de détecter à temps et de combattre efficacement la maladie sont toujours à l'ordre du jour à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. L'Algérie, dont les côtes sont une voie traditionnelle de l'immigration des oiseaux qui transitent vers l'Europe, est considérée un pays à risque, notamment durant la période critique allant jusqu'à la fin novembre. Saison après laquelle les oiseaux venus du Sud remontent vers l'Europe, ce que craignent fortement les autorités européennes qui comptent redoubler leurs mesures de prévention à l'occasion. Mais la lutte contre une éventuelle pandémie ne doit pas se limiter à la seule vigilance, mais doit concerner le contrôle des volailles importées. Le gouvernement italien a, lui, dès l'apparition des premiers cas de grippe aviaire, interdit l'importation de viandes blanches de Turquie, de Roumanie, de Croatie et de Russie. Un étiquetage spécial, qui retrace le parcours de la viande depuis son élevage jusqu'à sa préparation, est appliqué dans les points de vente italiens, et ce, quelques jours à peine après la déclaration de la maladie en Europe. Un chercheur de Bologne (nord de Rome) a affirmé qu'après l'identification de cas de cette maladie en Croatie, la grippe aviaire mettrait moins d'une semaine pour arriver dans la péninsule. Et ce n'est pas l'image des ministres de la Santé et de l'Agriculture, Francesco Storace et Gianni Alemmano, croquant à pleines dents des morceaux de poulet rôti devant les caméras, qui va rassurer les Italiens. Les ventes de viandes blanches ont, en effet, connu une baisse substantielle de 50% dans le pays et les prix ont dû baisser de 30%, pour permettre au secteur de l'élevage, en grande crise à cause de l'influenza aviaria, de survivre.