Les experts de la Fao, que nous avons interrogés la semaine dernière sur l'incidence du risque de la contamination par la grippe aviaire des élevages de volailles des pays du Maghreb, nous ont affirmé, sans demi-mots, qu'il s'agit d'une alerte très sérieuse. « Il est très urgent d'observer une grande vigilance pour définir les contours de la maladie dès son émergence dans cette région », nous a affirmé Louise Fresco, l'adjointe du directeur général et experte auprès du département pour l'agriculture à la FAO. Ce qui inquiète les responsables de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture c'est la concomitance entre l'apparition de cas de cette épizootie en Turquie avec la saison du transit des oiseaux migrateurs par le nord de l'Afrique, et qui se prolongera jusqu'à la fin du mois de novembre. Cette période critique rend indispensable une observation rigoureuse de l'évolution de ce phénomène. Une alarme allant dans le sens de la sensibilisation des gouvernements locaux a été lancée, hier, par le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (Oms) et les experts de la Fao, durant une conférence de presse qu'ils ont animée au siège de la Fao, à Rome. Les informations recueillies par la Fao ne sont pas rassurantes, surtout que les modalités de transmission de cette maladie et l'efficacité du vaccin élaboré, à cause de la probable mutation du virus isolé, restent encore très peu maîtrisables. Pour le moment, la transmission se fait seulement entre animaux et peut affecter des humains, mais ne se transmet pas encore directement entre les personnes. Toutefois, des pays comme l'Iran et l'Egypte, où l'élevage est très important, ont informé la Fao de leurs plans de prévention. Pour sa part, l'agence onusienne a destiné 7 millions de dollars à l'application sur le terrain de sa campagne de prévention contre la grippe aviaire. « Il y aura une pandémie. On ne sait pas quand, comment ni où. Mais elle peut être modérée, grave ou extrêmement grave », a affirmé hier le coordinateur des Nations unies pour la grippe aviaire et porte-parole de l'OMS, David Nabarro. En attendant, la Fao fait savoir qu'il faudra mobiliser pas moins de 165 millions de dollars pour pouvoir faire face à cette grave épizootie qui menace l'homme.