Des universitaires oranais se sont regroupés, hier, lors d'une rencontre pour faire le point sur ce qu'il faut absolument savoir sur la peste aviaire. Si personne ne peut arrêter les oiseaux migrateurs, vecteur avéré et réel du virus venant des pays atteints, que faut-il faire pour nous protéger de cette menace ? Ce groupe d'universitaires de diverses disciplines, qui active désormais autour de la grippe aviaire est constitué de vétérinaires, épidémiologistes, pharmacologistes et de professionnels de divers horizons. Son animateur, le docteur Hassini s'est dit, « décidé à coordonner ce groupe pour constituer un meilleur rempart vis-à-vis du fameux H5N1, un danger dont tout le monde entend parler ». L'une des hypothèses les plus plausibles évoquées hier, par un biologiste, fait que « les oiseaux migrateurs peuvent emprunter trois axes devant passer par l'est, le centre et l'ouest de notre pays ». Alors, discours alarmiste ou une réflexion justifiée ? Une chose est sûre : éleveurs comme consommateurs sont inquiets. Est-ce un fruit d'amalgame qui est largement entretenu par les médias étrangers, entre la grippe aviaire et le risque de pandémie ? Une chose est certaine : pendant ce temps, à Oran, les vétérinaires des secteurs privé et public peinent sur le terrain pour rassurer et dissiper le doute et la crainte chez les éleveurs. Les citoyens n'en sont pas moins sceptiques vis-à-vis de la consommation du poulet, y compris ceux qui affirment savoir que « la volaille cuite est sans danger sur la santé ». Alors, le poulet serait-il diabolisé ? Une chose est sûre, c'est que l'aviculture semble sombrer dans le désarroi. Pourtant, cette maladie qui est, certes, très contagieuse chez la volaille, n'est qu'une zoonose mineure. Depuis sa réapparition, en 2003, en Asie, le virus H5N1 est resté faiblement contaminant pour l'homme (67 morts sur des millions qui sont en contact avec les oiseaux atteints) et toujours dans des conditions particulières. Il faut vraiment un contact étroit, très étroit, avec les volailles pour que l'homme avale leurs poussières et se retrouve contaminé. Si à travers l'histoire, aucun épisode n'est survenu en Algérie, depuis que l'on sait identifier les virus influenza hautement pathogènes qui sont de sous-type H5 ou H7. Tout le monde semble être en proie à tous les amalgames agitant le spectre d'une pandémie pouvant éclater au grand jour et provoquer une catastrophe humanitaire. Le fameux H5N1 est étrangement promu seul virus à qui on prédit une fatale mutation. Alors, l'essentiel est : « Que faire ? » Certes, personne ne peut exclure le risque d'un réassortiment viral à partir du virus H5N1 hautement pathogène, essentiellement pour les volailles asiatiques, qui le rendrait dangereux pour l'homme. Mais ce n'est pas une raison pour faire un amalgame systématique entre l'arrivée d'une « peste aviaire » et le risque d'une pandémie chez l'homme. La levée de boucliers que constitue cet amalgame ne doit pas pour autant signifier un quelconque renoncement à la vigilance. Loin de vouloir verser dans un alarmisme inutile, la rencontre d'hier a permis, en tous cas, de propulser une initiative qui se veut désormais prête à coordonner les actions pour une meilleur protection contre tout risque d'introduction de cette maladie dans notre pays. L'heure est à présent à la sensibilisation du grand public.