Lors d'une conférence de presse tenue hier à Madrid, Javier Zúñiga, le conseiller principal pour les programmes régionaux du secrétariat international, a révélé que des atteintes aux droits humains caractérisées sont commises contre les migrants aux frontières de l'Europe. Le rapport relève que même la mission technique de l'UE, envoyée récemment dans cette zone, a reconnu l'absence d'une protection adéquate des réfugiés au Maroc. La mission de l'Union européenne, poursuit le rapport d'AI, a été informée de ce que ce manque de protection qui avait conduit au refoulement, par les autorités marocaines, de demandeurs d'asile et de personnes déjà reconnues comme des réfugiés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Les autorités marocaines ont ainsi « conduit des centaines de migrants, parmi lesquels des demandeurs d'asile, près de la frontière algérienne, avec pour consigne de franchir la frontière à pied et de se rendre dans les localités algériennes les plus proches ». AI n'a pas manqué de constater que « les forces de sécurité avaient eu recours à une force illégale et disproportionnée, en utilisant notamment des balles réelles ». Le fait le plus grave a été commis dans la nuit du 28 au 29 septembre, où 11 personnes sont mortes et plusieurs autres ont été grièvement blessées. Plusieurs centaines de personnes tentaient alors de pénétrer dans le territoire espagnol en escaladant deux clôtures de barbelés qui séparent Ceuta du territoire marocain et se sont trouvées face à des agents des forces de l'ordre des deux pays. Deux corps ont été retrouvés du côté espagnol de la clôture, et les trois autres du côté marocain. Bien que les cinq victimes aient été blessées par balle, on ignore encore quel type de munition a été utilisé. On n'a pas établi non plus si les coups de feu ont été tirés par des représentants des forces de l'ordre espagnols, marocains ou les deux. Amnesty International craint que la réaction de l'Union européenne à cette crise récente, qui fait suite à des événements similaires en Italie et à Malte, soit encore centrée presque exclusivement sur le contrôle de l'immigration illégale. Le rapport d'AI indique par ailleurs que lors d'incursions menées ces trois derniers jours dans des camps improvisés installés à proximité des territoires espagnols, les forces de sécurité marocaines auraient arrêté plus de 400 migrants, en raison de leur présence illégale au Maroc, et détruit leurs abris. Hier encore, 73 immigrés clandestins arrêtés par les autorités marocaines dans la région de Tanger ont décidé d'observer une grève de la faim pour protester contre les conditions de leur détention dans un centre de transit. Ces clandestins, dont des Congolais, des Maliens, des Camerounais, des Libériens et des Sénégalais se sont confiés au quotidien Al Mounataf en soulignant qu'ils ont décidé d'observer cette grève de la faim pour « obliger les autorités marocaines à améliorer les conditions de leur détention dans le centre de transit Ziaten » à Tanger. Par ailleurs, des dizaines d'immigrants clandestins se sont terrés dans les forêts près de Tanger, certains creusant des grottes, pour se cacher et éviter d'être arrêtés par les forces de sécurité marocaines, rapporte également Al Mounataf.