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La région de Boumerdès sous pression terroriste
Zemmouri et Zaâtra fortement éprouvées
Publié dans El Watan le 15 - 09 - 2010

La localité balnéaire de Zemmouri El Bahri, à 12 km à l'est de Boumerdès, est sortie une nouvelle fois de l'anonymat il y a quelques jours.
L'information, qui a fait la une des quotidiens nationaux, ne portait malheureusement pas sur ses magnifiques sites touristiques, étrangement méconnus des touristes, mais sur un attentat-suicide qui a coûté la vie à deux soldats de l'ANP. Cette commune, qui a été secouée par de violentes émeutes en mai dernier après la mort du jeune B. Hamza, suite à une bavure policière, est considérée encore comme un véritable fief des groupes armés.En août 2008, un attentat kamikaze a ébranlé la paisible localité de Zemmouri El Bahri, causant huit morts et une vingtaine de blessés. L'attaque a été perpétrée, vers 21h, contre la caserne des gardes-côtes.
Elle a créé une panique indescriptible parmi les estivants.
Moins d'une année plus tard (mai 2009), les terroristes ont ciblé une brigade mobile des forces de sécurité, faisant trois morts parmi les policiers dont le chef de la BMPJ de la circonscription. Il y a une semaine, ils ont semé la mort encore à Zaâtra où ils ont perpétré un attentat-suicide contre un convoi militaire. Ce dernier s'est soldé par deux morts parmi les militaires et une dizaine de blessés dont un enfant en bas âge. Un vrai paradoxe ! Cette région qui a été ébranlée par un fort séisme en 2003, est-elle condamnée à vivre éternellement au rythme des attentats terroristes ? Que pense la population locale de cette situation qui s'est répercutée sur leur vécu ?
Pour y répondre nous avons choisi de faire un périple qui nous a mené dans les localités de Si Mustapha, Zemmouri et Zemmouri El Bahri. Un axe qui connaît une circulation moins dense en cette journée de la dernière semaine du mois de Ramadhan. Notre point de départ était la ville de Si Mustapha où nous avions dû attendre près de 30 mn avant que le bus devant rallier notre destination ne démarre. Les voyageurs affichent une mine très inquiète. Certains feuillettent les journaux en fixant leur regard sur tout ce qui a trait à l'événement qui a secoué la localité de Zaâtra, une journée avant. «Moi j'ai cru que c'était un séisme», lâche un quinquagénaire à l'adresse de notre accompagnateur, avant d'ajouter qu'il ne savait pas grand-chose de ce qui vient de se passer.
Les habitants de cette région sont connus pour être très réticents, ne se mêlant pas des affaires qui ne les concernent pas de très près. Une caractéristique que certains expliquent par la peur et le climat de suspicion qui se sont emparés des habitants depuis l'avènement du terrorisme islamiste.
El Qaria et Zaâtra durement touchées par le terrorisme
L'axe menant vers notre destination semble suffisamment sécurisé. Avant d'atteindre Zaâtra, il a fallu passer par un barrage fixe dressé par des gardes communaux à la sortie de Si Mustapha. À quelques mètres d'ici, des militaires visiblement très touchés par la perte de deux des leurs, réglementent la circulation en prenant la direction des maquis d'Ouled Boudhar.
La première agglomération qui longe notre itinéraire est dénommée El Qaria, un village connu pour avoir été le théâtre de plusieurs attentats terroristes, en raison du nombre important de jeunes qui ont rallié les groupes armés et qui se distinguent par leur parfaite connaissance du terrain.
En novembre 2009, les services de sécurité y ont abattu deux terroristes, K. Amine (24 ans) et G. Rabah (30 ans), qui auraient intégré les rangs de la katibat El Arkam début 2007. En mai dernier, deux (des frères) parmi les trois terroristes éliminés à Ammal sont natifs de cette région. Durant le Ramadhan 2009, un terroriste ayant tenté d'assassiner un ex-patriote y avait été également abattu. Cette année, pas moins de dix terroristes, tous originaires de la région, à savoir Légata, Si Mustapha et Zemmouri, avaient été éliminés dans les localités voisines de Ouled Khelifa, Michiri et le petit maquis de Sidi Yahia (Thénia). C'est dire l'importante activité terroriste que connaît cette région très sensible. Le dernier attentat qui y a été perpétré remonte au mois de mai dernier. Il a eu lieu aux abords de la RN 12, à l'entrée ouest de Si Mustapha.
Il a causé la mort de deux militaires et des blessures à 18 autres. Après El Qaria, nous retrouvons l'agglomération de Zaâtra, où a eu lieu l'attentat suicide en milieu de journée de mercredi dernier. Les habitants sont encore sous le choc. Le cratère causé par la forte explosion est recouvert de bitume. Les dégâts causés aux constructions voisines sont toujours visibles. La localité (3000 âmes environ) n'est dotée d'aucune unité des forces de sécurité. Les rares habitants que nous avons interrogés se montrent tous peu informés des circonstances de cet énième acte barbare. «Moi j'étais en train de me préparer à aller à Zemmouri pour faire mes emplettes, lorsque soudain j'ai entendu la déflagration. Quand j'ai couru pour m'enquérir, j'ai vu des militaires jonchés sur le sol et une grande fumée qui se dégageait du camion de l'ANP, après je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'une attaque terroriste», relate un quadragénaire, chômeur de son état, avant d'exprimer son indignation contre «cet acte contraire aux préceptes de l'Islam». L'attentat a été préparé en un temps record.
Il a été perpétré par un kamikaze au volant d'une voiture de marque Atos volée dans la matinée de la même journée à un particulier de la localité de Légata. Le véhicule aurait été bourré d'explosifs dans les maquis de la périphérie. Le choix de la cible– un convoi militaire en plein mouvement– dénote les difficultés auxquelles fait face l'organisation de Droudkel pour s'attaquer aux édifices publics et les sièges abritant les différents corps de sécurité après le renforcement des mesures de contrôle au niveau des centres urbains. Les citoyens apostrophés nous ont tous fait part de leurs difficultés quotidiennes, citant le chômage, la crise du logement et le manque d'infrastructures pour les jeunes.
Ils ont tout évoqué sauf la situation sécuritaire. Un sujet tabou que d'aucuns n'osent aborder de peur de subir l'inattendu. Nous quittons Zaâtra en direction du chef-lieu de Zemmouri, à 2 km de marche d'ici. Un barrage de la BMPJ, le deuxième depuis Si Mustapha, filtre les passagers. La ville paraît à première vue déserte. Le principal boulevard offre un décor apocalyptique. Les stigmates du séisme de mai 2003 restent toujours vivaces.
Zemmouri, une ville fantôme
Les constructions bordant la rue de part et d'autre ne sont toujours pas reconstruites. Idem pour le siège d'APC, l'agence d'assurances, la mosquée, l'unité de l'ADE, etc. La ville semble avoir été frappée par un cyclone.
Certaines bâtisses, durement touchées par le séisme, ne sont pas encore démolies en vue de leur reconstruction.
En somme, rien ne démontre qu'on est dans un centre urbain. Les 20 locaux commerciaux «du Président» sont laissés à l'abandon alors que ceux du rez-de-chaussée de la cité Cosider sont transformés en réceptacles d'ordures. Le siège des recettes intercommunales, lancé il y a près d'un an, n'est pas encore réceptionné. De même pour le nouveau lycée qui tarde à être achevé malgré la rentrée scolaire.
Les travaux du siège de l'APC viennent tout juste d'être entamés. L'APC a dégagé sur les PCD de l'année en cours, une somme de 16 millions de DA pour les travaux de fondation uniquement, en attendant l'affectation du budget nécessaire pour réaliser le reste. Triste réalité. Où sont passées les aides dont a bénéficié cette localité au lendemain du séisme ? Les différents services de l'APC ont été transférés depuis 2004 vers la maison de jeunes, au grand dam de la frange juvénile locale qui se voit livrée à sont triste sort. «Pour le moment nous n'avons que la grande bleue», lâche Mourad, désappointé. Les seuls établissements de jeunes dont dispose la localité – un centre sportif de proximité et une salle de boxe non encore achevée – sont trop exigus et peu fréquentés. Des dizaines de jeunes ont été interpellés ces deux dernières années par les services de sécurité pour leurs accointances avec les groupes terroristes activant dans les rangs de la katibat El Arkam.
La majorité des attentats enregistrés dans la région ont été suivis par des vagues d'arrestations parmi les civils appartenant souvent aux cellules dormantes et autres réseaux de soutien de l'ex-GSPC
La commune connaît un énorme retard en matière de développement. Elle compte plus de 289 taudis répartis sur 17 bidonvilles.
Les potentialités touristiques qu'elle recèle ne sont pas valorisées et exploitées à bon escient. Sollicité, le P/APC, M. Adim, s'est refusé à toute déclaration. Il nous a exigé une autorisation de la part du chef de la cellule de communication du cabinet du wali. Les habitants se plaignent de la dégradation de leur cadre de vie, dû à la prolifération de la saleté et l'absence d'espaces de détente et d'aires de jeu pour enfants.
La station de bus est transformée en un souk où tout se vend et s'achète. Les baraques de tôle et de parpaings. Les déchets ménagers se disputent la place aux transporteurs et aux taxis clandestins. «L'histoire de notre commune est semblable à celle de la bête blessée qui est tombée au milieu de la jungle livrée aux carnivores. Aujourd'hui tout le monde trouve son compte ici. L'opportunisme s'est solidement ancré dans les mentalités et rares sont les gens qui se battent pour le bien de la collectivité», déplore Oualid, pécheur de son état. Et à son ami d'enchaîner : «Nos responsables n'ont rien fait pour améliorer l'image de notre commune. Les quelques projets qui y sont implantés ont été tous réalisés par la wilaya».
Un élu de l'APW fera remarquer dans ce cadre, lors de la première session de l'APW de l'année en cours, que «tout le monde s'est allié contre le développement de cette localité», arguant ses propos par «le bradage des terrains relevant du domaine public et la multiplication des agressions contre la flore qui borde sa côte». Aujourd'hui les pouvoirs publics sont plus que jamais interpellés pour prêter attention à cette région et être à l'écoute de ses habitants qui se sentent abandonnés à leur triste sort.
Les émeutes ayant secoué cette localité après la mort du jeune B.Hamza en avril dernier doivent donner matière à réfléchir aux autorités d'autant qu'elles traduisent le marasme d'une jeunesse en proie à toutes les dérives.
Les responsables locaux devraient quant à eux plus que jamais impliquer les représentants de la société civile dans la gestion des affaires de la collectivité afin de s'attaquer au mal qui gangrène la région depuis maintenant près de vingt ans.


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