Depuis quelques jours, il est difficile de pouvoir acheter un kilo de pomme de terre ou de trouver une boulangerie ouverte. En effet, plusieurs magasins ont baissé rideau, et ce, devant des citoyens médusés, errant d'un endroit à un autre sans pouvoir remplir leur couffin. Les Algériens, surtout ceux habitant les grandes villes du pays, ne savent plus où s'approvisionner depuis la veille de l'Aïd. Les boulangeries, dans leur grande majorité, ainsi que les marchés des légumes sont en congé prolongé sans aucun préavis. Une situation anarchique qui impose la question de contrôle et du respect du cahier des charges. Il est vrai que le ministre du Commerce l'avait avoué déjà à la veille du mois de Ramadhan en déclarant que «le nombre de commerçants est beaucoup plus supérieur à celui des contrôleurs». Apparemment, il ne s'agit pas seulement du contrôle des prix auquel faisait référence le ministre, mais de toute une gestion d'un secteur qui semble échapper aux règlements régissant la fonction de commerçant. En attendant la mise sur pied de cette structure nationale promise par le ministre et qui aura pour mission principale de gérer les marchés de gros, le spectacle est désolant à travers les villes du pays. Un spectacle qui se résume en des étals vides et des ménages à la recherche d'un espace commercial à même de satisfaire leur besoin quotidien en matière d'alimentation. Les quelques grandes surfaces, que l'on appelle communément les supérettes, assurant correctement leur service d'utilité publique sont, malheureusement, dépourvues d'approvisionnement à même de satisfaire leur clientèle. Cette situation commence sérieusement à agacer les citoyens, d'autant plus que les quelques produits étalés çà et là sont vendus à des prix exorbitants. Pour rappel, la courgette avait atteint le prix record de 170 DA le kilo, alors que le navet s'affichait allégrement autour des 200 DA. Pour le pain, aliment de base des Algériens, il faut se réveiller tôt pour espérer décrocher une baguette. Ceci pour dire que le dérèglement du marché pénalise grandement les populations, surtout que cette situation qui se prolonge dans le temps coïncide avec la rentrée scolaire. Côté commerçants, bien évidemment, ils imputent cette situation aux grossistes qui auraient tout simplement revu à la hausse les produits à la vente du fait de la rareté de la marchandise en cette période des fêtes. Les commerçants déclarent ne pas accepter cette hausse qui risque de provoquer une inflation sur le marché de détail pénalisant ainsi le client. Pour ce qui est de la rareté du pain, les boulangers sont partagés dans leur argumentation. Certains parlent d'un approvisionnement en farine qui fait défaut, d'autres d'un manque d'effectif, d'autres encore d'une saturation de leur matériel trop sollicité durant le mois de Ramadhan. Tous ces arguments font que la baguette de pain devient rare depuis la fin du Ramadhan. L'intervention télévisée du responsable de la fédération des boulangers, appelant les artisans à ouvrir et assurer la fabrication du pain durant les jours de fête, est restée sans échos jusqu'à ce jour.