En ouvrant son restaurant sis à la rue Abderrahmane Bouderbala (ex- Petit) aux pauvres nécessiteux durant le Ramadhan, Kenana Ghandi vient de tenir son pari pour la sixième année consécutive. Il récidive pour instituer une véritable tradition dans une ville où les actes humanitaires sont devenus rares, surtout parmi les tenants de restaurants et de commerces qui en profitent pour s'enrichir. Avec lui, trois hommes ont sacrifié leur congé annuel et leur séjour en famille pour se consacrer aux autres. De braves gens qui n'ont pas goûté aux plaisirs de rompre le jeûne parmi les leurs pour préparer et servir le repas du f'tour aux démunis. Pour rappel, le restaurant ouvert en 1999 a entamé l'expérience du f'tour gratuit dès l'année 2000. Selon le propriétaire des lieux, le début fut difficile, mais l'opération connaîtra un succès retentissant grâce au dévouement indéfectible de son personnel. Pour preuve, le site ayant acquis une notoriété gagnera l'adhésion de nombreux particuliers désireux de contribuer. L'endroit possède désormais ses propres abonnés. Ces derniers attendent chaque année l'arrivée du mois sacré pour s'assurer que le restaurant de Ghandi est ouvert pour une autre opération de solidarité. Chaque jour, une cinquantaine de femmes pointent dès 6h. Certaines viennent, avec leurs enfants, des banlieues de la ville et même des cités lointaines de la nouvelle ville Ali Mendjeli pour avoir leurs parts à emporter. Pour les hommes, il faudra attendre l'après-midi. A partir de 16 h déjà, tout est fin prêt. Les visiteurs, pauvres ou passagers s'installent quelques minutes avant le f'tour pour avoir droit à un repas généreusement garni et servi dans une ambiance familiale. Avec le peu de moyens dont il dispose, et malgré l'exiguïté des lieux, le restaurant peut servir une centaine de repas par jour. L'équipe de la rue Bouderbala qui accomplit chaque année un devoir de solidarité envers leurs concitoyens nécessiteux n'est pas la seule dans les lieux. Non loin de là et à la rue Kikaya Amar située dans le quartier du Coudiat, l'association caritative El Islah Ouel Irchad a installé , comme à son accoutumée, son quartier dans un local prêté par un bienfaiteur. Ici les choses sont menées d'une autre manière. L'association se charge d'approvisionner durant tout le Ramadhan pas moins de 150 familles en plats préparés sur place en plus du pain et du lait. L'opération se fait sur présentation de cartes que l'association délivre aux nécessiteux, aux veuves sans tuteur et aux familles aux revenus limités après étude de leur situation sociale. Une forme de solidarité qui a fait ses preuves tout en attirant l'adhésion de nombreux commerçants de la ville sûrs de voir leurs dons prendre la bonne destination, surtout que la gestion de toutes les ressources se fait dans la transparence totale, selon les affirmations d'un membre du comité organisateur. Ce dernier soulignera par ailleurs que l'opération qui prend de l'envergure se trouve même élargie à d'autres communes de la wilaya. Le mouvement de solidarité avec les démunis durant le mois sacré a trouvé aussi une forte mobilisation chez certains restaurateurs de la ville à l'instar de Mohamed Azizi, propriétaire d'un restaurant près de la SNTV ouest, non loin de la cité Boussouf. Pour la troisième année consécutive, le restaurant qui offre 120 repas complets par jour dans une ambiance familiale accueille quotidiennement les travailleurs des chantiers environnants, mais aussi ceux de la zone industrielle Palma qui n'ont pas les moyens de rejoindre leur domicile. Le restaurant qui se trouve à proximité d'une gare routière très animée demeure aussi un lieu salutaire pour tous les voyageurs qui atterrissent à Constantine au moment de l'iftar. Mobilisant sa famille et son personnel pour une noble cause, Mohamed Azizi, qui se dit heureux de partager la rupture du jeûne avec des citoyens simples, aspire déjà à mieux faire dans l'avenir.