Après les vendeurs informels de La Casbah, Bab El Oued et Bachedjerrah, plusieurs autres communes seraient concernées par l'opération d'éradication du marché informel. Cette action s'inscrit-elle dans la durée ? Le marché informel de Bachedjerrah a été finalement délocalisé hier, comme l'ont annoncé les autorités. Les policiers, présents en force, sont venus la veille et ont sommé les vendeurs d'enlever les étals qui encombraient la voie publique. Le lendemain, les rues occupées par les marchands ont été dégagées par les agents qui n'ont pas enregistré de réaction de la part des groupes de jeunes vendeurs amassés sous les immeubles.L es abords du centre commercial privé Hamza et les rues qui rejoignent, plusieurs mètres plus loin, la partie haute du quartier de La Glacière ont été dégagés. La circulation, bloquée auparavant par les travaux du métro et le commerce informel, y est devenue plus fluide. «Les autorités ont investi les rues. Même les lignes blanches ont été repeintes à la hâte. Les pouvoirs publics peuvent tout, il suffit qu'il y ait une volonté franche pour voir la situation changer», relève un riverain qui indique que la décision de délocaliser le marché fait suite, en partie, aux mouvements de protestation des riverains qui dénonçaient constamment «l'indifférence des autorités locales et les services de police qui ont laissé faire les vendeurs présents dans le quartier depuis près d'une décennie». Les scènes d'agression à l'arme blanche et les vols à la tire sont devenus fréquents dans cette partie de la commune de Bachedjerrah, devenue un gros bazar. Y a-t-il, pour autant, une alternative pour des jeunes dont certains considéraient cette activité comme leur seul gagne-pain ? Un marché de proximité devait être installé à la cité Les Palmiers à Oued Ouchayah, mais les jeunes vendeurs auraient décidé, nous informe-t-on, de ne pas s'y installer. «Qui acceptera d'aller dans cette cité, en retrait de la ville ? Les gens qui venaient dans l'ancien marché craignaient pour leur vie. Ils ne se déplaceront pas dans cette cité de La Glacière. Il faut assurer la sécurité aux clients et des conditions de travail adéquates aux vendeurs», nous dit un riverain. A Boumaâti, autre marché informel important à El Harrach, les jeunes s'attendent à la réaction de l'Etat. «Des jeunes entendent dire que les policiers ont décidé d'intervenir le 24 de ce mois. Mais pour les obliger à aller où ? Un marché a été installé à côté de la caserne mais le ministère de la défense nationale s'y est, probablement, opposé. Les jeunes n'ont pas où aller, alors q'un recensement a été effectué», assure un jeune. A la commune d'El Harrach, le président de l'APC, M. Abzar, nous assure que l'opération de délocalisation des vendeurs de Boumaâti n'interviendra qu'après la réalisation «prochaine» du marché de proximité. A Bab El Oued, la situation reste tendue après les mouvements de protestation de la population. «Les policiers ne font que pousser les vendeurs, instlés aux abords de la placette des Trois Horloges, vers les rues cachées des quartiers. Leur souci : éviter d'être importunés par leur hiérarchie. Mais, cette démarche ne règle jamais le problème», constate un habitant qui assure que le DGSN, installé il y a peu, a la responsabilité de réclamer une réaction «plus musclée» de ses éléments, souvent «complices des commerçants». A La Casbah, des vendeurs ont été obligés de «déguerpir». A quand le tour des rues de Belouizdad, au marché Tnach, la rue Fayçal Mebarek et le boulevard Nacera Nounou à Sidi M'hamed, et dans plusieurs autres communes, y compris à la périphérie de la capitale ? L'opération s'inscrit-elle dans la durée ou privilégie-t-on le tape-à-l'œil ?