Rumeur n Avec le déracinement récent du marché parallèle de la Lyre (Basse Casbah) et celui de Bachdjarah, les vendeurs du marché de Boumaati savent bien que cette opération les touchera un jour. Des rumeurs font état d'une prochaine fermeture par les pouvoirs publics du marché de Boumaati. «Rien n'est encore sûr pour le moment, mais beaucoup affirment que ce marché sera fermé dans quelques semaines, pour ne pas dire dans quelques jours», annonce un jeune commerçant rencontré dans ce marché. «J'ai entendu dire que ce marché sera totalement transformé et délocalisé», ajoute-t-il. En effet, des témoignages concordent pour avancer que ce marché sera transféré non loin de son lieu actuel et qu'il sera équipé en étals et de tout le nécessaire. Selon certaines indiscrétions, cette opération devait avoir lieu en 2005 mais pour des raisons qui restent inconnues», l'ouverture n'a pas eu lieu. «Je suis contre l'éradication de ce marché, mais s'il s'agit juste de le transférer à cet endroit dont on parle je ne vois, personnellement, aucun inconvénient, car cela arrangera tout le monde et mettra fin à l'embouteillage dans le quartier», avoue un autre habitant de la région, gérant d'un étal dans ce «souk». Les marchands exposent fièrement sur leurs étals une multitude de produits allant du cosmétique aux vêtements, légumes et fruits et articles scolaires... «Tout se vend ici et à des prix concurrentiels», dit avec fierté un jeune commerçant qui n'arrête pas de crier à la foule : «Trois paires de chaussettes pour 100 DA seulement !». En effet, les prix affichés sur certains produits sont beaucoup moins chers par rapport à certains marchés de la capitale. Les commerçants ici se soucient peu de cette rumeur et continuent leur activité en toute quiétude. «Je ne pense pas que les autorités envisagent de délocaliser ce marché, car c'est le gagne-pain pour des centaines de familles», précise un ancien commerçant de ce marché. Il était 11h quand nous sommes arrivés sur les lieux. Les automobilistes essayaient, tant bien que mal, de se frayer un chemin au milieu des nombreux piétons, venus en majorité faire leurs courses, et les étals installés des deux côtés de la route, à même l'asphalte. Ne reste plus alors de cette grande rue qui traverse le marché qu'un petit passage. Les bus des transporteurs publics qui doivent traverser le marché de long en large pour atteindre leur station située de l'autre côté, bloquent la circulation. De temps à autre, on voit des chauffeurs de bus ouvrir leurs portières en plein marché pour permettre à des usagers impatients de descendre et c'est une occasion pour d'autres de monter. Quant à la délocalisation du marché, peu de commerçants s'en soucient, vaquant nonchalamment à leurs occupations quotidiennes. Une longue journée de travail les attend et ils n'ont pas le temps de penser à autre chose qu'à écouler leurs produits pour rentrer chez eux les poches pleines… «Ils ont tous des familles qui les attendent. Les jeunes n'ont pas où aller, alors qu'un recensement a été effectué», assure un jeune. A la commune d'El-Harrach, un responsable nous a assuré que l'opération de délocalisation des vendeurs de Boumaati n'interviendra qu'après la réalisation «prochaine» du marché de proximité. A Bab El-Oued, la situation reste tendue après les mouvements de protestation de la population suite à la délocalisation du marché informel des Trois-Horloges. «Les policiers ne font que pousser les vendeurs, installés aux abords de la placette des Trois-Horloges, vers les rues cachées des quartiers. Leur souci : éviter d'être importunés par leur hiérarchie. Mais cette démarche ne règle jamais le problème», constate un habitant qui assure que le Dgsn, installé il y a peu, a la responsabilité de réclamer une réaction «plus musclée» de ses éléments. A La Casbah, des vendeurs ont été obligés de «déguerpir». Quand arrivera le tour du marché Tnach, des rues Belouizdad, Fayçal-Mebarek, Nacera-Nounou à Sidi M'hamed, et dans plusieurs autres communes, y compris à la périphérie de la capitale ? L'opération s'inscrit-elle dans la durée ou privilégie-t-on le tape-à-l'œil ?