Quoi que ne figurant pas à l'ordre du jour de cette session de l'APW qui s'est penchée sur les questions de la rentrée scolaire et de la formation professionnelle ainsi que les préparatifs inhérents à la campagne des semailles, le sulfureux dossier du foncier n'en a pas moins eu la part du lion dans ces assises et a même suscité des débats passionnés. Conscient que le fléau du foncier a atteint des proportions alarmantes et quasi irréversibles, le chef de l'exécutif, Salhi Djamel Eddine, montera d'emblée au créneau et s'engagera à « écraser comme des rats tous ceux qui auraient dilapidé ou détourné les deniers de l'Etat ». Un peu moins optimiste quant à l'issue de la volée de bois verte promise par le wali, le président de l'assemblée dira que la mafia du foncier local est une forteresse inexpugnable et est perçu comme un tabou inattaquable puisqu'elle implique de hauts dignitaires tapis dans les arcanes de la fonction publique et d'anciens élus locaux originaires de la ville de Mila. Il lâchera ensuite carrément la bride à sa colère en déclarant qu'il y a des complicités à tous les niveaux de la responsabilité. Il passera à des révélations aussi troublantes que scandaleuses sur des exemples concrets de dérives foncières, dont se sont rendus coupables de fonctionnaires « ripoux » officiant dans les institutions de l'Etat avec la bénédiction de certains exécutifs de communes. Sinon, comment qualifier autrement que d'alchimie abracadabrante cette intrigante affaire de propriétaires terriens qui se font indemniser deux, voire trois fois pour la même parcelle de terrain concédée dans le cadre de réalisation d'équipements publics. Un vrai filon d'or que des concessionnaires véreux ont mis à profit pour saigner à blanc la trésorerie de la commune et de l'administration tout en graissant la patte à quelques relais opérant dans les appareils étatiques. Mais là où le bât blesse, c'est que, une fois les faramineuses indemnités versées aux concessionnaires, la commune ne s'encombre nullement des modalités légales de transfert de la propriété, laissant ainsi le champ libre aux détournements et aux malversations. Emboîtant le pas au P/APW, d'autres élus tireront à boulets rouges sur l'agence foncière et l'APC de Mila, responsables à part entière selon eux, de la gabegie et des relevés dans le traitement des affaires d'indemnisation. Entre autres, le P/APW évoquera le dilemme cornélien des habitants de la cité Dragados qui continuent de revendiquer la propriété sur le bâti de leurs logements individuels, alors que l'APC serait en même temps en possession d'actes de propriété légaux sur la totalité du périmètre parcellaire. Très attendue, l'intervention du wali se veut un sévère réquisitoire contre tous ceux qui tiennent les cordons du foncier à Mila. Il s'engagera à pourchasser sans répit les magouilleurs et ordonnera aux services compétents l'ouverture d'une enquête qu'il promet fracassante et implacable. Et de conclure : « Que tous ceux qui veulent partir en guerre avec nous, retroussent les manches. Mais il faut d'abord qu'ils aient les mains propres. »