Après le droit de vote des étrangers non communautaires, Nicolas Sarkozy revient à la charge avec « la discrimination positive à la française » en proposant un nouveau terme d'« égalité réelle », l'opposant à « l'égalité des chances » préconisée par Dominique de Villepin. « Je ne cherche pas à provoquer, encore moins à américaniser notre société, mais à redonner tout son sens à l'idée d'égalité, à l'idée de solidarité et de justice sociale, bref aux valeurs de France », a déclaré Nicolas Sarkozy après avoir dénoncé « la montée inexorable des inégalités, le blocage de l'ascenseur social » lors d'un colloque organisé au ministère de l'Intérieur, place Beauvau. « Il y a ceux qui sont choqués par les mots et ceux qui sont heurtés par la réalité. Il y a ceux qui se concentrent sur la mise à l'index d'expressions dérangeantes, et ceux qui veulent agir pour corriger des situations choquantes. Eh bien, je revendique mon appartenance à la seconde catégorie », a-t-il lancé. Est-ce là un affichage d'une volonté réelle ou une déclaration de circonstance électoraliste. A suivre. Dans une interview au Parisien, Dominique de Villepin a appelé à éviter « les débats sémantiques » sur la discrimination positive. « Sur le fond, nous sommes tous d'accord pour lutter contre toutes les formes de discrimination et pour l'égalité des chances », souligne-t-il. « En revanche, le gouvernement dans son ensemble refuse la discrimination en fonction de la race ou de la religion. Car ce type de politique ne pourra que faire le jeu du communautarisme, dont on vient de voir les dégâts en Grande-Bretagne », insiste le Premier ministre. Dès 2006 aussi, a annoncé Nicolas Sarkozy, seront créées des « préparations intégrées » pour aider les jeunes issus de milieux défavorisés à entrer dans la fonction publique. En janvier, deux cycles préparatoires seront ouverts, à l'Ecole nationale supérieure de la police et à l'Ecole nationale supérieure des officiers de police . « Il n'est pas honteux d'être Arabe, Kabyle, Africain. » « J'ai dit, les yeux dans les yeux, à Nicolas Sarkozy que je n'étais pas pour la discrimination positive. La discrimination territoriale comme cela se fait pour les zones d'éducation prioritaires (ZEP), d'accord. Mais je suis contre la nomination de préfets au regard de leur religion. Il faut cesser de mettre au sein de l'espace public la question de l'Islam. Cela brouille complètement les cartes de l'intégration des personnes dans l'espace laïque », affirme pour sa part Azouz Begag, ministre délégué chargé de l'égalité des chances, dans une interview au Monde. « Dans ce pays, on n'ose pas prononcer le mot ‘‘Arabe'' ou ‘‘Noir''. Mais à force de cécité politique, on s'interdit de penser un progrès possible. La composante multicolore sera banalisée dans les entreprises, les collectivités, lorsque l'on n'aura plus peur de désigner les Français de couleur. Dans la rue, la désignation noire existe, elle est socialement vivante, mais on n'a pas le droit de montrer statistiquement ce qu'elle représente dans la société. Il n'est pas honteux d'être Arabe, Kabyle, Africain », a-t-il ajouté.