Pour la présidentielle de 2012, la droite française ira en rangs dispersés après l'annonce de la création d'un parti politique de la même obédience par l'ancien chef de la diplomatie et Premier ministre sous Jacques Chirac, Dominique de Villepin. Reste à savoir si cela facilitera la tâche à la gauche. Candidat potentiel à la présidentielle de 2012, l'ex-Premier ministre, Dominique de Villepin, a lancé, samedi dernier à Paris, son mouvement politique, nommé la République solidaire qui est “un mouvement neuf, un mouvement indépendant”, appelant au “sursaut de la France”. Il entend proposer à la droite une alternative face à son ennemi juré, le président Nicolas Sarkozy. Cette formation politique est destinée à remplacer le club Villepin, qui revendique 15 000 membres. Ce mouvement aura notamment pour mission de permettre à l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac de recueillir des fonds pour faire campagne en 2012. Faisant un pas de plus vers sa candidature à la présidentielle, De Villepin a expliqué que “ce mouvement, j'en prends la présidence. Je m'engage parce que je pense que les Français ont besoin d'une autre voie”. Exploitant la coïncidence de la date de lancement de son parti avec l'anniversaire de l'appel du général de Gaulle à la résistance, lancé de Londres le 18 juin 1940, Dominique de Villepin s'est situé dans la lignée des grands résistants qui “ont répondu à l'appel d'un général inconnu” et des citoyens qui ont lutté “contre l'absolutisme” pendant la Révolution française. Depuis plusieurs mois, il n'a pas cessé d'affirmer que Nicolas Sarkozy divisait les Français. À nouveau, il s'est posé en rassembleur, appelant à “choisir ensemble la réconciliation”. Dans son discours, prononcé devant 6 000 personnes, selon son entourage, dont d'anciens ministres et sa garde rapprochée, il a résumé plusieurs mois de critiques envers le chef de l'Etat dont le camp a subi une cinglante défaite aux élections régionales de mars : “Nous sommes confrontés à un déni de réalité entre ce que vivent les Français et ce que disent nos dirigeants”. Dans le même ordre d'idées, il a dénoncé une “logique des boucs émissaires” avec le débat sur l'identité nationale, une “fuite en avant sécuritaire”, “un recul de l'égalité des chances, des libertés et de la dignité” et le repli d'un Etat “affaibli, méprisé”. Saisissant l'occasion, De Villepin a également critiqué la réforme phare des retraites, qui doit marquer la fin du mandat de Nicolas Sarkozy et suscite une forte opposition. Il a connu son heure de gloire en février 2003, comme ministre des Affaires étrangères, lorsqu'il a porté à l'ONU le “non” français à la guerre en Irak. Il a plaidé pour le retour de la voix de la France dans le monde. Il a dénoncé aussi une atteinte à “l'indépendance” du pays avec son retour “dans le commandement intégré de l'Otan” et regretté que “la France laisse mourir ses soldats en Afghanistan”. L'ancien ministre des Affaires étrangères a soumis des propositions prônant “un président au-dessus de la mêlée” avec “des ministres qui ne soient pas aux ordres des conseillers politiques de l'Elysée”, toute en défendant une rigueur économique et une justice indépendante. Il n'en demeure pas moins qu'il n'arrive pas encore à décoller dans les sondages, qui ne lui accordent que 7 à 8% des intentions de vote en 2012. Pendant que ses sympathisants plébiscitent son charisme ou ses critiques de la politique présidentielle, ses détracteurs le voient en diviseur de la droite ou lui reprochent de ne s'être jamais présenté au suffrage universel.